Metaphysique des tubes

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Metaphysique des tubes
Название: Metaphysique des tubes
Автор: Nothomb Amelie
Дата добавления: 16 январь 2020
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Metaphysique des tubes - читать бесплатно онлайн , автор Nothomb Amelie

"M?taphysique des tubes" est une autobiographie ?crite par Am?lie Nothomb. Dans ce livre l'auteur nous d?crit sa vie de l'age de 0 ? 3 ans avec un style simple et dr?le. M?me si le d?but du texte para?t ? premi?re vue compliqu?, il ne faut surtout pas s'arr?ter ? cet obstacle car la suite est vraiment passionnante.

Au d?but, l'auteur nous expose une th?orie selon laquelle Dieu serait un tube et nous explique alors le titre de son ?uvre: l'auteur veut rechercher au del? des apparences des r?ponses sur son existence, la vie, Dieu…

A sa naissance l'auteur d?finit sa vie comme celle d'un Dieu ou plut?t d'un tube: elle existe, mais ne ressent aucun manque et est le centre de l'univers. L'enfant (ou le tube) ne bouge pas, ne crie pas, ses parents l'appellent donc " la plante " en r?f?rence au l?gume qu'il ?tait. Cet ?tat presque l?thargique va ?tre suivi d'un ?tat tr?s diff?rent o? le b?b? cri, hurle, tape pour exprimer son m?contentement, sa frustration. En effet, il s'aper?oit qu'il n'est plus le centre du monde, qu'il n'a plus le pouvoir absolu d'exister car il ne peut pas parler, il a beau crier aucune personne n'a l'air de le comprendre, il n'impose pas son pouvoir.

Puis un jour, l'enfant rena?t par la gr?ce d'un bout de chocolat blanc tendu par sa grand-m?re. En r?alit?, l'enfant revit car il a d?couvert qu'il a de l'emprise, du pouvoir sur ce b?ton de chocolat, car en le mangeant celui-ci devient du plaisir. A partir de cette renaissance l'enfant retrouve une vie " normale " mais ne cesse pas d'?tre un Dieu car au Japon un enfant de moins de 3 ans est consid?r? comme tel.

C'est ? partir de ce moment, que l'auteur arr?te de baser son r?cit sur des souvenirs ?voqu?s par ses parents et utilise ses propres souvenirs. La partie qu'on appellera vie post-natale [car l'auteur ne consid?re pas ?tre n? avant l'?v?nement du chocolat], ne prend qu'une courte place dans l'?uvre. Ainsi 2 ans et demi de la vie d'Am?lie Nothomb prend moins de place que une demi-ann?e.

Cette autobiographie s'arr?te ? l'age de 3 ans juste apr?s son " suicide " car l'auteur annonce qu'apr?s " il ne s'est plus rien pass? ". En effet, celle-ci pense qu'apr?s 3 ans on ne vit plus, on s'habitue. Ce livre fait beaucoup de r?f?rences ? la mort, ce qui nous renvois ? l'?tude de l'existence et donc au titre de l'?uvre: l'auteur a bien respect? son pacte annonc? par le titre.

On peut dire que l'auteur termine son livre ? 3 ans car c'est vers cet age qu'elle apprend qu'elle ne restera pas ?ternellement au Japon. Cette nouvelle sera une grande r?v?lation pour elle et ce livre met bien en valeur l'importance de son pays natal et explique la trace que le Japon a eut et a toujours sur l'auteur. Une trace qui reste dans ses souvenirs et dans son ?criture.

On remarque aussi que le r?cit s'arr?te lorsque l'enfant, dans les coutumes japonaises, n'est plus consid?r? comme un Dieu. On peut en d?duire que ce roman fait refl?ter le sentiment d'?gocentrisme des enfants avant l'age de 3 ans qui se croient le centre du monde.

Cette autobiographie est attachante car elle raconte les souvenirs du point de vue de l'enfant, on d?couvre alors ses questions, ses jeux, ses explications. Comme lorsqu'elle s'imagine que " consul " veut dire ?goutier et qu'elle laisse son p?re coinc? dans une bouche d'?gout car elle pense qu'il est au travail. Ou bien, lorsqu'elle choisit quels seront ses trois premiers mots.

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Je m'accoutumai à faire cette tâche les yeux fermés. C'était une question de survie. Mes mains d'aveugle émiettaient la galette et jetaient devant elles, au hasard. Une salve de «plouf plouf gloup gloup» me signalait que la trinité, semblable à une population affamée, avait suivi à la trace mes expériences de balistique alimentaire. Même ces bruits étaient ignobles, mais il m'eût été impossible de boucher mes oreilles.

Ce fut mon premier dégoût. C'est étrange. Je me souviens, avant l'âge de trois ans, d'avoir contemplé des grenouilles écrasées, d'avoir modelé de la poterie artisanale avec mes déjections, d'avoir détaillé le contenu du mouchoir de ma sœur enrhumée, d'avoir posé mon doigt sur un morceau de foie de veau cru – tout cela sans l'ombre d'une répulsion, animée par une noble curiosité scientifique.

Alors pourquoi la bouche des carpes provoqua-t-elle en moi ce vertige horrifié, cette consternation des sens, ces sueurs froides, cette obsession morbide, ces spasmes du corps et de l'esprit? Mystère.

Il m'arrive de penser que notre unique spécificité individuelle réside en ceci: dis-moi ce qui te dégoûte et je te dirai qui tu es. Nos personnalités sont nulles, nos inclinations plus banales les unes que les autres. Seules nos répulsions parlent vraiment de nous.

Dix ans plus tard, en apprenant le latin, je tombai sur cette phrase: Carpe diem.

Avant que mon cerveau ait pu l'analyser, un vieil instinct en moi avait déjà traduit: «Une carpe par jour.» Adage dégueulasse s'il en fut, qui résumait mon calvaire d'antan.

«Cueille le jour» était évidemment la bonne traduction. Cueille le jour? Tu parles. Comment veux-tu jouir des fruits du quotidien quand, avant midi, tu ne penses qu'au supplice qui t'attend et quand, après midi, tu ressasses ce que tu as vu?

J'essayais de ne plus y penser. Hélas, il n'y a pas d'apprentissage plus difficile. Si nous étions capables de ne plus penser à nos problèmes, nous serions une race heureuse.

Autant dire à Blandine, dans la fosse de son supplice: «Allons, ne pense pas aux lions, voyons!»

Comparaison fondée: j'avais de plus en plus l'impression que c'était ma propre chair qui nourrissait les carpes. Je maigrissais. Après le déjeuner des poissons, on m'appelait à table; je ne pouvais rien avaler.

La nuit, dans mon lit, je peuplais l'obscurité de bouches béantes. Sous mon oreiller, je pleurais d'horreur. L'autosuggestion était si forte que les gros corps écailleux et flexibles me rejoignaient entre les draps, m'étreignaient – et leur gueule lippue et froide me roulait des pelles. J'étais l'impubère amante de fantasmes pisciformes.

Jonas et la baleine? Quel blagueur! Il était bien à l'abri dans le ventre cétacé. Si, au moins, j'avais pu servir de farce à la panse de la carpe, j'aurais été sauvée. Ce n'était pas son estomac qui me dégoûtait, mais sa bouche, le mouvement de valvule de ses mandibules qui me violaient les lèvres pendant des éternités nocturnes. A force de fréquenter des créatures dignes de Jérôme Bosch, mes insomnies naguère féeriques virèrent au martyre.

Angoisse annexe: à trop subir les baisers poissonneux, n'allais-je pas changer d'espèce? N'allais-je pas devenir silure? Mes mains longeaient mon corps, guettant d'hallucinantes métamorphoses.

Avoir trois ans n'apportait décidément rien de bon. Les Nippons avaient raison de situer à cet âge la fin de l'état divin. Quelque chose – déjà! – s'était perdu, plus précieux que tout et qui ne se récupérerait pas: une forme de confiance en la pérennité bienveillante du monde.

J'avais entendu mes parents dire que, bientôt, j'irais à l'école maternelle japonaise: propos qui n'augurait que désastres. Quoi! Quitter le jardin? Me joindre à un troupeau d'enfants? Quelle idée!

Il y avait plus grave. Au sein même du jardin, il y avait une inquiétude. La nature avait atteint une sorte de saturation. Les arbres étaient trop verts, trop feuillus, l'herbe était trop riche, les fleurs explosaient comme si elles avaient trop mangé. Depuis la deuxième moitié du mois d'août, les plantes avaient la moue gavée des lendemains d'orgie. La force vitale que j'avais sentie contenue en toute chose était en train de se transformer en lourdeur.

Sans le savoir, je voyais se révéler à moi l'une des lois les plus effrayantes de l'univers: ce qui n'avance pas recule. Il y a la croissance et puis il y a la décrépitude; entre les deux, il n'y a rien. L'apogée, ça n'existe pas. C'est une illusion. Ainsi, il n'y avait pas d'été. Il y avait un long printemps, une montée spectaculaire des sèves et des désirs: mais dès que cette poussée était finie, c'était déjà la chute.

Dès le 15 août, la mort l'emporte. Certes, aucune feuille ne donne le moindre signe de roussissement; certes, les arbres sont si chevelus que leur calvitie prochaine est inimaginable. Les verdures sont plus plantureuses que jamais, les parterres prospèrent, cela sent l'âge d'or. Et pourtant, ce n'est pas l'âge d'or, pour cette raison que l'âge d'or est impossible, pour cette raison que la stabilité n'existe pas.

A trois ans, je ne savais rien de cela. J'étais à des années-lumière du roi qui se meurt en s'écriant: «Ce qui doit finir est déjà fini.» J'aurais été incapable de formuler les termes de mon angoisse. Mais je sentais, oui, je sentais qu'une agonie se préparait. La nature en faisait trop: cela cachait quelque chose.

Si j'en avais parlé avec autrui, on m'aurait expliqué le cycle des saisons. A trois ans, on ne se souvient pas de l'année dernière, on n'a pas eu à constater l'éternel retour de l'identique, et une saison nouvelle est un désastre irréversible.

A deux ans, on ne remarque pas ces changements et on s'en fiche. A quatre ans, on les remarque, mais le souvenir de l'année précédente les banalise et les dédramatise. A trois ans, l'anxiété est absolue: on remarque tout et on ne comprend rien. Il n'y a aucune jurisprudence mentale à consulter pour s'apaiser. A trois ans, on n'a pas non plus le réflexe de demander à autrui une explication: on n'est pas forcément conscient que les grands ont plus d'expérience – et on n'a peut-être pas tort.

A trois ans, on est un Martien. Il est passionnant mais terrifiant d'être un Martien qui débarque. On observe des phénomènes inédits, opaques. On ne possède aucune clé. Il faut inventer des lois à partir de ses seules observations. Il faut être aristotélicien vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ce qui est particulièrement exténuant quand on n'a jamais entendu parler des Grecs.

Une hirondelle ne fait pas le printemps. A trois ans, on aimerait savoir à partir de quel nombre d'hirondelles on peut croire en quelque chose. Une fleur qui meurt ne fait pas l'automne. Deux cadavres de fleurs non plus, sans doute. Il n'empêche que l'inquiétude s'installe. A partir de combien d'agonies florales faudra-t-il, dans sa tête, tirer le signal d'alarme de la mort en marche?

Champollion d'un chaos grandissant, je me réfugiais dans le tête-à-tête avec ma toupie. Je sentais qu'elle avait des informations cruciales à me livrer. Hélas, je n'entendais pas son langage.

Fin août. Midi. C'est l'heure du supplice. Va nourrir les carpes.

Courage. Tu l'as fait tant de fois, déjà. Tu as survécu. Ce n'est qu'un très mauvais moment à passer.

Je prends les galettes de riz dans la remise. Je vais à l'étang de pierre. Le soleil perpendiculaire fait scintiller l'eau comme de l'aluminium. Cette surface lisse et brillante ne tarde pas à être gâchée par trois bonds successifs: Jésus, Marie et Joseph m'ont vue et sautent, ce qui est leur manière d'appeler les autres à table.

Quand ils ont fini de se prendre pour des poissons volants, ce qui, vu leur grosseur, est parfaitement obscène, ils installent leurs bouches ouvertes au ras de la flotte et attendent.

Je jette des fragments de bouffe. Le bouquet de gueules se lance dessus. Les tuyaux ouverts avalent. Lorsqu'ils ont dégluti, ils réclament de plus belle. Leur gorge est si béante qu'en se penchant un peu on y verrait jusqu'à leur estomac. En continuant à distribuer la pitance, je suis de plus en plus obnubilée par ce que la trinité me montre: normalement, les créatures cachent l'intérieur de leur corps. Que se passerait-il si les gens exhibaient leurs entrailles?

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