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La Dame de Monsoreau Tome II

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La Dame de Monsoreau Tome II
Название: La Dame de Monsoreau Tome II
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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La Dame de Monsoreau Tome II - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Le dimanche gras de l'ann?e 1578, apr?s la f?te du populaire, et tandis que s'?teignaient dans les rues les rumeurs de la joyeuse journ?e, commen?ait une f?te splendide dans le magnifique h?tel que venait de se faire b?tir, de l'autre c?t? de l'eau et presque en face du Louvre, cette illustre famille de Montmorency qui, alli?e ? la royaut? de France, marchait l'?gale des familles princi?res. Cette f?te particuli?re, qui succ?dait ? la f?te publique, avait pour but de c?l?brer les noces de Fran?ois d'Epinay de Saint-Luc, grand ami du roi Henri III et l'un des favoris les plus intimes, avec Jeanne de Coss?-Brissac, fille du mar?chal de France de ce nom. Le repas avait eu lieu au Louvre, et le roi, qui avait consenti ? grand-peine au mariage, avait paru au festin avec un visage s?v?re qui n'avait rien d'appropri? ? la circonstance …' 'La Dame de Monsoreau' est, ? la suite de 'La Reine Margot', le deuxi?me volet du somptueux ensemble historique que Dumas ?crivit sur la Renaissance.

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– Nous sommes des pères de famille; nous nous devons à nos femmes et à nos enfants. Sauve qui peut! hurla le capitaine.

Et en raison de ces cris divers, qui tous cependant, comme on le voit, avaient le même but, un effroyable tumulte se fit dans la rue, et les coups de bâton commencèrent à tomber comme la grêle sur les curieux, dont le cercle pressé empêchait les peureux de fuir.

Ce fut alors que le bruit de la bagarre arriva jusqu'à la place du Château, où, comme nous l'avons dit, le prince goûtait le pain noir, les harengs saurs et la morue sèche de ses partisans.

Bussy et le prince s'informèrent; on leur dit que c'étaient trois hommes, ou plutôt trois diables incarnés arrivant de Paris, qui faisaient tout ce tapage.

– Trois hommes? dit le prince; va donc voir ce que c'est, Bussy.

– Trois hommes? dit Bussy: venez, monseigneur.

Et tous deux partirent: Bussy en avant, le prince le suivant prudemment, accompagné d'une vingtaine de cavaliers.

Ils arrivèrent comme les bourgeois commençaient d'exécuter la manœuvre que nous avons dite, au grand détriment des épaules et des crâne des curieux.

Bussy se dressa sur ses étriers, et, son œil d'aigle plongeant dans la mêlée, il reconnut Livarot à sa longue figure.

– Mort de ma vie! cria-t-il au prince d'une voix tonnante, accourez donc, monseigneur, ce sont nos amis de Paris qui nous assiègent.

– Eh non! répondit Livarot d'une voix qui dominait le bruit de la bataille, ce sont, au contraire, les amis d'Anjou qui nous écharpent.

– Bas les armes! cria le duc; bas les armes, marauds, ce sont des amis.

– Des amis! s'écrièrent les bourgeois contusionnés, écorchés, rendus. Des amis! il fallait donc leur donner le mot d'ordre alors; depuis une bonne heure, nous les traitons comme des païens, et ils nous traitent comme des Turcs.

Et le mouvement rétrograde acheva de se faire.

Livarot, Antraguet et Ribérac s'avancèrent en triomphateurs dans l'espace laissé libre par la retraite des bourgeois, et tous s'empressèrent d'aller baiser la main de Son Altesse; après quoi, chacun, à son tour, se jeta dans les bras de Bussy.

– Il paraît, dit philosophiquement le capitaine, que c'est une volée d'Angevins que nous prenions pour un vol de vautours.

– Monseigneur, glissa Bussy à l'oreille du duc, comptez vos miliciens, je vous prie.

– Pour quoi faire?

– Comptez toujours, à peu près, en gros; je ne dis pas un à un.

– Ils sont au moins cent cinquante.

– Au moins, oui.

– Eh bien! que veux-tu dire?

– Je veux dire que vous n'avez point là de fameux soldats, puisque trois hommes les ont battus.

– C'est vrai, dit le duc. Après?

– Après! sortez donc de la ville avec des gaillards comme ceux-là!

– Oui, dit le duc; mais j'en sortirai avec les trois hommes qui ont battu les autres, répliqua le duc.

– Ouais! fit tout bas Bussy, je n'avais pas songé à celle-là. Vivent les poltrons pour être logiques!

XXXIV Roland.

Grâce au renfort qui lui était arrivé, M. le duc d'Anjou put se livrer à des reconnaissances sans fin autour de la place.

Accompagné de ses amis, arrivés d'une façon si opportune, il marchait dans un équipage de guerre dont les bourgeois d'Angers se montraient on ne peut plus orgueilleux, bien que la comparaison de ces gentilshommes bien montés, bien équipés, avec les harnais déchirés et les armures rouillées de la milice urbaine, ne fût pas précisément à l'avantage de cette dernière.

On explora d'abord les remparts, puis les jardins attenants aux remparts, puis la campagne attenante aux jardins, puis enfin les châteaux épars dans cette campagne, et ce n'était point sans un sentiment d'arrogance très marquée que le duc narguait, en passant, soit près d'eux, soit au milieu d'eux, les bois qui lui avaient fait si grande peur, ou plutôt dont Bussy lui avait fait si grande peur.

Les gentilshommes angevins arrivaient avec de l'argent, ils trouvaient à la cour du duc d'Anjou une liberté qu'ils étaient loin de rencontrer à la cour de Henri III; ils ne pouvaient donc manquer de faire joyeuse vie dans une ville toute disposée, comme doit l'être une capitale quelconque, à piller la bourse de ses hôtes.

Trois jours ne s'étaient point encore écoulés, qu'Antraguet, Ribérac et Livarot avaient lié des relations avec les nobles angevins les plus épris des modes et des façons parisiennes. Il va sans dire que ces dignes seigneurs étaient mariés et avaient de jeunes et jolies femmes.

Aussi n'était-ce pas pour son plaisir particulier, comme pourraient le croire ceux qui connaissent l'égoïsme du duc d'Anjou, qu'il faisait de si belles cavalcades dans la ville. Non. Ces promenades tournaient au plaisir des gentilshommes parisiens, qui étaient venus le rejoindre, des seigneurs angevins, et surtout des dames angevines.

Dieu d'abord devait s'en réjouir, puisque la cause de la Ligue était la cause de Dieu.

Puis le roi devait incontestablement en enrager.

Enfin les dames en étaient heureuses.

Ainsi, la grande Trinité de l'époque était représentée: Dieu, le roi et les dames.

La joie fut à son comble le jour où l'on vit arriver, en superbe ordonnance, vingt-deux chevaux de main, trente chevaux de trait, enfin, quarante mulets, qui, avec les litières, les chariots et les fourgons, formaient les équipages de M. le duc d'Anjou.

Tout cela venait, comme par enchantement, de Tours, pour la modique somme de cinquante mille écus, que M. le duc d'Anjou avait consacrée à cet usage.

Il faut dire que ces chevaux étaient sellés, mais que les selles étaient dues aux selliers; il faut dire que les coffres avaient de magnifiques serrures, fermant à clef, mais que les coffres étaient vides; il faut dire que ce dernier article était tout à la louange du prince, puisque le prince aurait pu les remplir par des exactions.

Mais ce n'était pas dans la nature du prince de prendre; il aimait mieux soustraire.

Néanmoins l'entrée de ce cortège produisit un magnifique effet dans Angers.

Les chevaux entrèrent dans les écuries, les chariots furent rangés sous les remises. Les coffres furent portés par les familiers les plus intimes du prince. Il fallait des mains bien sûres, pour qu'on osât leur confier les sommes qu'ils ne contenaient pas.

Enfin on ferma les portes du palais au nez d'une foule empressée, qui fut convaincue, grâce à cette mesure de prévoyance, que le prince venait de faire entrer deux millions dans la ville, tandis qu'il ne s'agissait, au contraire, que de faire sortir de la ville une somme à peu près pareille, sur laquelle comptaient les coffres vides.

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