La Reine Margot Tome II
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Sur fond de guerres sanglantes, de Saint Barth?l?my ainsi que de la lutte entre Catherine de M?dicis et Henri de Navarre, la premi?re ?pouse de ce dernier, Marguerite de Valois, appel?e la reine Margot, entretient des intrigues amoureuses notoires et violentes… Roman historique qui reste avant tout un roman, ce livre nous fait sentir l'atmosph?re de cette ?poque et appr?hender l'histoire de notre pays!
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Puis refermant la porte, elle remonta, s’enferma dans son cabinet, et lut le billet qui était conçu en ces termes:
«Ce soir, à dix heures, rue de l’Arbre-Sec, hôtel de la Belle-Étoile. Si vous venez, ne répondez rien; si vous ne venez pas, dites non au porteur.
DE MOUY DE SAINT-PHALE.»
En lisant ce billet, il n’y avait qu’un sourire sur les lèvres de Catherine; elle songeait seulement à la victoire qu’elle allait remporter, oubliant complètement à quel prix elle achetait cette victoire.
Mais aussi, qu’était-ce qu’Orthon? Un cœur fidèle, une âme dévouée, un enfant jeune et beau; voilà tout.
Cela, on le pense bien, ne pouvait pas faire pencher un instant le plateau de cette froide balance où se pèsent les destinés des empires.
Le billet lu, Catherine remonta immédiatement chez madame de Sauve, et le plaça derrière le miroir.
En descendant, elle retrouva à l’entrée du corridor le capitaine des gardes.
– Madame, dit M. de Mancey, selon les ordres qu’a donnés Votre Majesté, le cheval est prêt.
– Mon cher baron, dit Catherine, le cheval est inutile, j’ai fait causer ce garçon, et il est véritablement trop sot pour le charger de l’emploi que je lui voulais confier. Je le prenais pour un laquais, et c’était tout au plus un palefrenier; je lui ai donné quelque argent, et l’ai renvoyé par le petit guichet.
– Mais, dit M. de Nancey, cette commission?
– Cette commission? répéta Catherine.
– Oui, qu’il devait faire à Saint-Germain, Votre Majesté veut-elle que je la fasse, ou que je la fasse faire par quelqu’un de mes hommes?
– Non, non, dit Catherine, vous et vos hommes aurez ce soir autre chose à faire.
Et Catherine rentra chez elle, espérant bien ce soir-là tenir entre ses mains le sort de ce damné roi de Navarre.
XV L’hôtellerie de la Belle-Étoile
Deux heures après l’événement que nous avons raconté, et dont nulle trace n’était restée même sur la figure de Catherine, madame de Sauve, ayant fini son travail chez la reine, remonta dans son appartement. Derrière elle Henri rentra; et, ayant su de Dariole qu’Orthon était venu, il alla droit à la glace et prit le billet.
Il était, comme nous l’avons dit, conçu en ces termes:
«Ce soir, à dix heures, rue de l’Arbre-Sec, hôtel de la Belle-Étoile. Si vous venez, ne répondez rien; si vous ne venez pas, dites non au porteur.»
De suscription, il n’y en avait point.
– Henri ne manquera pas d’aller au rendez-vous, dit Catherine, car eût-il envie de n’y point aller, il ne trouvera plus maintenant le porteur pour lui dire non.
Sur ce point, Catherine ne s’était point trompée. Henri s’informa d’Orthon, Dariole lui dit qu’il était sorti avec la reine mère; mais, comme il trouva le billet à sa place et qu’il savait le pauvre enfant incapable de trahison, il ne conçut aucune inquiétude.
Il dîna comme de coutume à la table du roi, qui railla fort Henri sur les maladresses qu’il avait faites dans la matinée à la chasse au vol.
Henri s’excusa sur ce qu’il était homme de montagne et non homme de la plaine, mais il promit à Charles d’étudier la volerie.
Catherine fut charmante, et, en se levant de table, pria Marguerite de lui tenir compagnie toute la soirée.
À huit heures, Henri prit deux gentilshommes, sortit avec eux par la porte Saint-Honoré, fit un long détour, rentra par la tour de Bois, passa la Seine au bac de Nesle, remonta jusqu’à la rue Saint-Jacques, et là il les congédia, comme s’il eût été en aventure amoureuse. Au coin de la rue des Mathurins, il trouva un homme à cheval enveloppé d’un manteau; il s’approcha de lui.
– Mantes, dit l’homme.
– Pau, répondit le roi. L’homme mit aussitôt pied à terre. Henri s’enveloppa du manteau qui était tout crotté, monta sur le cheval qui était tout fumant, revint par la rue de La Harpe, traversa le pont Saint-Michel, enfila la rue Barthélemy, passa de nouveau la rivière sur le Pont-Aux-Meuniers, descendit les quais, prit la rue de l’Arbre-Sec, et s’en vint heurter à la porte de maître La Hurière. La Mole était dans la salle que nous connaissons, et écrivait une longue lettre d’amour à qui vous savez. Coconnas était dans la cuisine avec La Hurière, regardant tourner six perdreaux, et discutant avec son ami l’hôtelier sur le degré de cuisson auquel il était convenable de tirer les perdreaux de la broche.
Ce fut en ce moment que Henri frappa. Grégoire alla ouvrir, et conduisit le cheval à l’écurie, tandis que le voyageur entrait en faisant résonner ses bottes sur le plancher, comme pour réchauffer ses pieds engourdis.
– Eh! maître La Hurière, dit La Mole tout en écrivant, voici un gentilhomme qui vous demande.
La Hurière s’avança, toisa Henri des pieds à la tête, et comme son manteau de gros drap ne lui inspirait pas une grande vénération:
– Qui êtes-vous? demanda-t-il au roi.
– Eh! sang-dieu! dit Henri montrant La Mole, monsieur vient de vous le dire, je suis un gentilhomme de Gascogne qui vient à Paris pour se produire à la cour.
– Que voulez-vous?
– Une chambre et un souper.
– Hum! fit La Hurière, avez-vous un laquais? C’était, on le sait, la question habituelle.
– Non, répondit Henri; mais je compte bien en prendre un dès que j’aurai fait fortune.
– Je ne loue pas de chambre de maître sans chambre de laquais, dit La Hurière.
– Même si je vous offre de vous payer votre souper un noble à la rose, quitte à faire notre prix demain?
– Oh! oh! vous êtes bien généreux, mon gentilhomme! dit La Hurière en regardant Henri avec défiance.
– Non; mais dans la croyance que je passerais la soirée et la nuit dans votre hôtel, que m’avait fort recommandé un seigneur de mon pays, qui l’habite, j’ai invité un ami à venir souper avec moi. Avez-vous du bon vin d’Arbois?
– J’en ai que le Béarnais n’en boit pas de meilleur.
– Bon! je le paie à part. Ah! justement, voici mon convive.
Effectivement la porte venait de s’ouvrir, et avait donné passage à un second gentilhomme de quelques années plus âgé que le premier, traînant à son côté une immense rapière.
– Ah! ah! dit-il, vous êtes exact, mon jeune ami. Pour un homme qui vient de faire deux cents lieues, c’est beau d’arriver à la minute.
– Est-ce votre convive? demanda La Hurière.
– Oui, dit le premier venu en allant au jeune homme à la rapière et en lui serrant la main; servez-nous à souper.