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Le Dernier Jour Dun Condamn?

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Le Dernier Jour Dun Condamn?
Название: Le Dernier Jour Dun Condamn?
Автор: Hugo Victor
Дата добавления: 16 январь 2020
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Le Dernier Jour Dun Condamn? - читать бесплатно онлайн , автор Hugo Victor

? la prison de Bic?tre, un condamn? ? mort note heure par heure les ?v?nements d'une journ?e dont il apprend qu'elle sera la derni?re. Il rappelle les circonstances de la sentence, puis de son emprisonnement et la raison qui le fait ?crire, jusqu'au moment o? il lui sera physiquement impossible de continuer. D?crivant sa cellule, d?taillant la progression de la journ?e, ?voquant d'horribles souvenirs comme le ferrement des for?ats, la complainte argotique d'une jeune fille, des r?ves, il en arrive au transfert ? la Conciergerie……

Hugo ne donne pas son nom, ne dit presque rien sur son pass?, ni pourquoi cet homme est emprisonn?. Peu importe! Ce texte est un plaidoyer contre la peine de mort, contre toutes les peines de mort, il n'a pour objet que cette mort qui appara?t dans toute son horreur inou?e et impensable, dans son inhumanit? intrins?que. Ce condamn? «anonyme», n'est personne, et donc tout le monde, et nous vivons sa peur et son Enfer.

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XXI

Je suis calme maintenant. Tout est fini, bien fini. Je suis sorti de l’horrible anxiété où m’avait jeté la visite du directeur. Car, je l’avoue, j’espérais encore. – Maintenant, Dieu merci, je n’espère plus.

Voici ce qui vient de se passer:

Au moment où six heures et demie sonnaient, – non, c’était l’avant-quart – la porte de mon cachot s’est rouverte. Un vieillard à tête blanche, vêtu d’une redingote brune, est entré. Il a entr’ouvert sa redingote. J’ai vu une soutane, un rabat. C’était un prêtre.

Ce prêtre n’était pas l’aumônier de la prison. Cela était sinistre.

Il s’est assis en face de moi avec un sourire bienveillant; puis a secoué la tête et levé les yeux au ciel, c’est-à-dire à la voûte du cachot. Je l’ai compris.

– Mon fils, m’a-t-il dit, êtes-vous préparé?

Je lui ai répondu d’une voix faible:

– Je ne suis pas préparé, mais je suis prêt.

Cependant ma vue s’est troublée, une sueur glacée est sortie à la fois de tous mes membres, j’ai senti mes tempes se gonfler, et j’avais les oreilles pleines de bourdonnements.

Pendant que je vacillais sur ma chaise comme endormi, le bon vieillard parlait. C’est du moins ce qu’il m’a semblé, et je crois me souvenir que j’ai vu ses lèvres remuer, ses mains s’agiter, ses yeux reluire.

La porte s’est rouverte une seconde fois. Le bruit des verrous nous a arrachés, moi à ma stupeur, lui à son discours. Une espèce de monsieur, en habit noir, accompagné du directeur de la prison, s’est présenté, et m’a salué profondément. Cet homme avait sur le visage quelque chose de la tristesse officielle des employés des pompes funèbres. Il tenait un rouleau de papier à la main.

– Monsieur, m’a-t-il dit avec un sourire de courtoisie, je suis huissier près la cour royale de Paris. J’ai l’honneur de vous apporter un message de la part de monsieur le procureur général.

La première secousse était passée. Toute ma présence d’esprit m’était revenue.

– C’est monsieur le procureur général, lui ai-je répondu, qui a demandé si instamment ma tête? Bien de l’honneur pour moi qu’il m’écrive. J’espère que ma mort lui va faire grand plaisir; car il me serait dur de penser qu’il l’a sollicitée avec tant d’ardeur et qu’elle lui était indifférente.

J’ai dit tout cela, et j’ai repris d’une voix ferme:

– Lisez, monsieur!

Il s’est mis à me lire un long texte, en chantant à la fin de chaque ligne et en hésitant au milieu de chaque mot. C’était le rejet de mon pourvoi.

– L’arrêt sera exécuté aujourd’hui en place de Grève, a-t-il ajouté quand il a eu terminé, sans lever les yeux de dessus son papier timbré. Nous partons à sept heures et demie précises pour la Conciergerie. Mon cher monsieur aurez-vous l’extrême bonté de me suivre?

Depuis quelques instants je ne l’écoutais plus. Le directeur causait avec le prêtre; lui avait l’œil fixé sur son papier; je regardais la porte, qui était restée entrouverte… – Ah! misérable! quatre fusiliers dans le corridor!

L’huissier a répété sa question, en me regardant cette fois.

– Quand vous voudrez, lui ai-je répondu. À votre aise!

Il m’a salué en disant:

– J’aurai l’honneur de venir vous chercher dans une demi-heure.

Alors ils m’ont laissé seul.

Un moyen de fuir, mon Dieu! un moyen quelconque! Il faut que je m’évade! il le faut! sur-le-champ! par les portes, par les fenêtres, par la charpente du toit! quand même je devrais laisser de ma chair après les poutres!

Ô rage! démons! malédiction! Il faudrait des mois pour percer ce mur avec de bons outils, et je n’ai ni un clou, ni une heure!

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