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Les Quarante-Cinq Tome II

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Les Quarante-Cinq Tome II
Название: Les Quarante-Cinq Tome II
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Quarante-Cinq Tome II - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Les Quarante-Cinq constitue le troisi?me volet du grand triptyque que Dumas a consacr? ? l'histoire de France de la Renaissance. Il ach?ve le r?cit de cette d?cadence de la seigneurie commenc? par La Reine Margot et poursuivi avec La Dame de Monsoreau. A cette ?poque d?chir?e, tout se joue sur fond de guerre : guerres de Religion, guerres dynastiques, guerres amoureuses. Aussi les h?ros meurent-ils plus souvent sur l'?chafaud que dans leur lit, et les h?ro?nes sont meilleures ma?tresses que m?res de famille. Ce qui fait la grandeur des personnages de Dumas, c'est que chacun suit sa pente jusqu'au bout, sans concession, mais avec panache. D'o? l'invincible sympathie qu'ils nous inspirent. Parmi eux, Chicot, le c?l?bre bouffon, qui prend la place du roi. C'est en lui que Dumas s'est reconnu. N'a-t-il pas tir? ce personnage enti?rement de son imagination ? Mais sa v?racit? lui permet d'?voluer avec aisance au milieu des personnages historiques dont il lie les destins. Dumas ayant achev? son roman ? la veille de la r?volution de 1848, Chicot incarne par avance la bouffonnerie de l'histoire.

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Il voyait bien que décliner son nom et ses qualités, c'était ouvrir les yeux de la duchesse sur les suites de cet événement; il devinait bien aussi que le roi, en lui faisant sa petite condition d'une révélation du séjour de la duchesse, avait autre chose en vue qu'un simple renseignement.

Deux intérêts se combattaient donc en lui: homme amoureux, il pouvait sacrifier l'un; homme d'honneur, il ne pouvait abandonner l'autre.

La tentation devait être d'autant plus forte qu'en avouant sa position près du roi, il gagnait une énorme importance dans l'esprit de la duchesse, et que ce n'était pas une mince considération pour un jeune homme venant droit de Gascogne, que d'être important pour une duchesse de Montpensier.

Sainte-Maline n'y eût pas résisté une seconde.

Toutes ces réflexions affluèrent à l'esprit de Carmainges, et n'eurent d'autre influence que de le rendre un peu plus orgueilleux, c'est-à-dire un peu plus fort.

C'était beaucoup que d'être en ce moment-là quelque chose, beaucoup pour lui, alors que certainement on l'avait bien un peu pris pour jouet.

La duchesse attendait donc sa réponse à cette question qu'elle lui avait faite: Êtes-vous disposé à vous attacher à notre maison?

– Madame, dit Ernauton, j'ai déjà eu l'honneur de dire à M. de Mayenne que mon maître est un bon maître, et me dispense, par la façon dont il me traite, d'en chercher un meilleur.

– Mon frère me dit dans sa lettre, monsieur, que vous avez semblé ne point le reconnaître. Comment, ne l'ayant point reconnu là-bas, vous êtes-vous servi de son nom pour pénétrer jusqu'à moi?

– M. de Mayenne paraissait désirer garder son incognito, madame; je n'ai pas cru devoir le reconnaître, et il y avait, en effet, un inconvénient à ce que là-bas les paysans chez lesquels il est logé, sachent à quel illustre blessé ils ont donné l'hospitalité. Ici, cet inconvénient n'existait plus; au contraire, le nom de M. de Mayenne pouvant m'ouvrir une voie jusqu'à vous, je l'ai invoqué: dans ce cas, comme dans l'autre, je crois avoir agi en galant homme.

Mayneville regarda la duchesse, comme pour lui dire:

– Voilà un esprit délié, madame.

La duchesse comprit à merveille.

Elle regarda Ernauton en souriant.

– Nul ne se tirerait mieux d'une mauvaise question, dit-elle, et vous êtes, je dois l'avouer, homme de beaucoup d'esprit.

– Je ne vois pas d'esprit dans ce que j'ai l'honneur de vous dire, madame, répondit Ernauton.

– Enfin, monsieur, dit la duchesse avec une sorte d'impatience, ce que je vois de plus clair dans tout cela, c'est que vous ne voulez rien dire.

Peut-être ne réfléchissez-vous point assez que la reconnaissance est un lourd fardeau pour qui porte mon nom; que je suis femme, et que vous m'avez deux fois rendu service, et que si je voulais bien savoir votre nom ou plutôt qui vous êtes…

– À merveille, madame, je sais que vous apprendrez facilement tout cela; mais vous l'apprendrez d'un autre que de moi, et moi je n'aurai rien dit.

– Il a raison toujours, dit la duchesse en arrêtant sur Ernauton un regard qui dut, s'il fut saisi dans toute son expression, faire plus de plaisir au jeune homme que jamais regard ne lui en avait fait.

Aussi n'en demanda-t-il pas davantage, et pareil au gourmet qui se lève de table quand il croit avoir bu le meilleur vin du repas, Ernauton salua et demanda son congé à la duchesse sur cette bonne manifestation.

– Ainsi, monsieur, voilà tout ce que vous ayez à me dire? demanda la duchesse.

– J'ai fait ma commission, répliqua le jeune homme; il ne me reste donc plus qu'à présenter mes très humbles hommages à Votre Altesse.

La duchesse le suivit des yeux sans lui rendre son salut; puis, lorsque la porte se fut refermée derrière lui:

– Mayneville, dit-elle en frappant du pied, faites suivre ce garçon.

– Impossible, madame, répondit celui-ci, tout notre monde est sur pied; moi-même, j'attends l'événement; c'est un mauvais jour pour faire autre chose que ce que nous avons décidé de faire.

– Vous avez raison, Mayneville; en vérité, je suis folle; mais plus tard…

– Oh! plus tard, c'est autre chose; à votre aise, madame.

– Oui, car il m'est suspect comme à mon frère.

– Suspect ou non, reprit Mayneville, c'est un brave garçon, et les braves gens sont rares. Il faut avouer que nous avons du bonheur; un étranger, un inconnu qui nous tombe du ciel pour nous rendre un service pareil.

– N'importe, n'importe, Mayneville; si nous sommes obligés de l'abandonner en ce moment, surveillez-le plus tard au moins.

– Eh! madame, plus tard, dit Mayneville, nous n'aurons plus besoin, je l'espère, de surveiller personne.

– Allons, décidément, je ne sais ce que je dis ce soir; vous avez raison, Mayneville, je perds la tête.

– Il est permis à un général comme vous, madame, d'être préoccupé à la veille d'une action décisive.

– C'est vrai. Voici la nuit, Mayneville, et le Valois revient de Vincennes à la nuit.

– Oh! nous avons du temps devant nous; il n'est pas huit heures, madame, et nos hommes ne sont point encore arrivés d'ailleurs.

– Tous ont bien le mot, n'est-ce pas?

– Tous.

– Ce sont des gens sûrs?

– Éprouvés, madame.

– Comment viennent-ils?

– Isolés, en promeneurs.

– Combien en attendez-vous?

– Cinquante; c'est plus qu'il n'en faut; comprenez donc, outre ces cinquante hommes, nous avons deux cents moines qui valent autant de soldats, si toutefois ils ne valent pas mieux.

– Aussitôt que nos hommes seront arrivés, faites ranger vos moines sur la route.

– Ils sont déjà prévenus, madame, ils intercepteront le chemin, les nôtres pousseront la voiture sur eux, la porte du couvent sera ouverte et n'aura qu'à se refermer sur la voiture.

– Allons souper alors, Mayneville, cela nous fera passer le temps. Je suis d'une telle impatience, que je voudrais pousser l'aiguille de la pendule.

– L'heure viendra, soyez tranquille.

– Mais nos hommes, nos hommes?

– Ils seront ici à l'heure; huit heures viennent de sonner à peine, il n'y a point de temps perdu.

– Mayneville, Mayneville, mon pauvre frère me demande son chirurgien; le meilleur chirurgien, le meilleur topique pour la blessure de Mayenne, ce serait une mèche des cheveux du Valois tonsuré, et l'homme qui lui porterait ce présent, Mayneville, cet homme-là serait sûr d'être le bienvenu.

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