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Mademoiselle Fifi – Edition illustree

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Mademoiselle Fifi – Edition illustree
Название: Mademoiselle Fifi – Edition illustree
Автор: de Maupassant Guy
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 200
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Mademoiselle Fifi – Edition illustree - читать бесплатно онлайн , автор de Maupassant Guy

La nouvelle qui donne son titre au recueil, est une des plus connues de Maupassant. Le ch?teau d'Uville est occup? par cinq officiers prussiens. Parmi eux, «un tout petit blondin fier et brutal», surnomm? Mademoiselle Fifi ? cause de son allure f?minine. Le saccage du luxueux ch?teau ne parvenant pas ? tromper l'ennui, on d?cide d'organiser une petite f?te avec des dames de Rouen. Elles arrivent, ces cinq «filles ? plaisir», dont Rachel, «une brune toute jeune, ? l'?il noir comme une tache d'encre». Elle ?choit en partage ? Mademoiselle Fifi, qui la brutalise, «saisi d'une f?rocit? rageuse, travaill? par son besoin de ravage». Au moment des toasts, les Allemands insultent les Fran?ais vaincus, et surtout les Fran?aises, qu'ils d?clarent toutes leur propri?t?. Rachel se r?volte alors…

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Pendant deux mois, je fus le plus admirable des fiancés. Elle avait organisé dans sa chambre une sorte de chapelle magnifique pour y placer cette parcelle de côtelette qui m’avait fait accomplir, croyait-elle, ce divin crime d’amour, et elle s’exaltait là, devant, soir et matin.

Je l’avais priée du secret, par crainte, disais-je, de me voir arrêté, condamné, livré à l’Allemagne. Elle m’avait tenu parole.

Or, voilà qu’au commencement de l’été, un désir fou lui vint de voir le lieu de mon exploit. Elle pria tant et si bien son père (sans lui avouer sa raison secrète) qu’il l’emmena à Cologne en me cachant cette excursion, selon le désir de sa fille.

Je n’ai pas besoin de te dire que je n’ai pas vu la cathédrale à l’intérieur. J’ignore où est le tombeau (S’il y a tombeau?) des onze mille vierges. Il paraît que ce sépulcre est inabordable, hélas!

Je reçus, huit jours après, dix lignes me rendant ma parole; plus une lettre explicative du père, confident tardif.

À l’aspect de la châsse, elle avait compris soudain ma supercherie, mon mensonge et, en même temps, ma réelle innocence. Ayant demandé au gardien des reliques si aucun vol n’avait été commis, l’homme s’était mis à rire en démontrant l’impossibilité d’un semblable attentat.

Mais du moment que je n’avais pas fracturé un lieu sacré et plongé ma main profane au milieu de restes vénérables, je n’étais plus digne de ma blonde et délicate fiancée.

On me défendit l’entrée de la maison. J’eus beau prier, supplier, rien ne put attendrir la belle dévote.

Je fus malade de chagrin.

Or, la semaine dernière, sa cousine, qui est aussi la tienne, Mme d’Arville, me fit prier de la venir trouver.

Voici les conditions de mon pardon. Il faut que j’apporte une relique, une vraie, authentique, certifiée par Notre Saint-Père le Pape, d’une vierge et martyre quelconque.

Je deviens fou d’embarras et d’inquiétude.

J’irai à Rome s’il le faut. Mais je ne puis me présenter au Pape à l’improviste et lui raconter ma sotte aventure. Et puis je doute qu’on confie aux particuliers des reliques véritables.

Ne pourrais-tu me recommander à quelque monsignor, ou seulement à quelque prélat français, propriétaire de fragments d’une sainte? Toi-même, n’aurais-tu pas en tes collections le précieux objet réclamé?

Sauve-moi, mon cher abbé, et je te promets de me convertir dix ans plus tôt!

Mme d’Arville, qui prend la chose au sérieux, m’a dit: «Cette pauvre Gilberte ne se mariera jamais.»

Mon bon camarade, laisseras-tu ta cousine mourir victime d’une stupide fumisterie? Je t’en supplie, fais qu’elle ne soit pas la onze mille et unième.

Pardonne, je suis indigne; mais je t’embrasse et je t’aime de tout cœur.

Ton vieil ami,

Henri Pontal.

17 octobre 1882

LE LIT

Par un torride après-midi du dernier été, le vaste hôtel des Ventes semblait endormi, et les commissaires-priseurs adjugeaient d’une voix mourante. Dans une salle du fond, au premier étage, un lot d’anciennes soieries d’église gisaient en un coin.

C’étaient des chapes solennelles et de gracieuses chasubles où des guirlandes brodées s’enroulaient autour des lettres symboliques sur un fond de soie un peu jaunie, devenue crémeuse, de blanche qu’elle fut jadis.

Quelques revendeurs attendaient, deux ou trois hommes à barbes sales et une grosse femme ventrue, une de ces marchandes dites à la toilette, conseillères et protectrices d’amour prohibées, qui brocantent sur la chair humaine jeune et vieille autant que sur les jeunes et vieilles nippes.

Soudain, on mit en vente une mignonne chasuble Louis XV, jolie comme une robe de marquise, restée fraîche avec une procession de muguets autour de la croix, de longs iris bleus montant jusqu’aux pieds de l’emblème sacré et, dans les coins, des couronnes de roses. Quand je l’eus achetée, je m’aperçus qu’elle était demeurée vaguement odorante, comme pénétrée d’un reste d’encens, ou plutôt comme habitée encore par ces si légères et si douces senteurs d’autrefois qui semblent des souvenirs de parfum, l’âme des essences évaporées.

Quand je l’eus chez moi, j’en voulus couvrir une petite chaise de la même époque charmante; et, la maniant pour prendre les mesures, je sentis sous mes doigts se froisser des papiers. Ayant fendu la doublure, quelques lettres tombèrent à mes pieds. Elles étaient jaunies; et l’encre effacée semblait de la rouille. Une main fine avait tracée sur une face de la feuille pliée à la mode ancienne: «À monsieur, monsieur l’abbé d’Argencé.»

Les trois premières lettres fixaient simplement des rendez-vous. Et voici la quatrième:

«Mon ami, je suis malade, toute souffrante, et je ne quitte pas mon lit. La pluie bat mes vitres, et je reste chaudement, mollement rêveuse, dans la tiédeur des duvets. J’ai un livre, un livre que j’aime et qui me semble fait avec un peu de moi. Vous dirais-je lequel? Non. Vous me gronderiez. Puis, quand j’ai lu, je songe, et je vais vous dire à quoi.

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«On a mis derrière ma tête des oreillers qui me tiennent assise, et je vous écris sur ce mignon pupitre que j’ai reçu de vous.

«Etant depuis trois jours en mon lit, c’est à mon lit que je pense, et même dans le sommeil j’y médite encore.

«Le lit, mon ami, c’est toute notre vie. C’est là qu’on naît, c’est là qu’on aime, c’est là qu’on meurt.

«Si j’avais la plume de M. de Crébillon, j’écrirais l’histoire d’un lit. Et que d’aventures émouvantes, terribles, aussi que d’aventures gracieuses, aussi que d’autres attendrissantes! Que d’enseignements n’en pourrait-on pas tirer, et de moralités pour tout le monde?

«Vous connaissez mon lit, mon ami. Vous ne vous figurerez jamais que de choses j’y ai découvertes depuis trois jours, et comme je l’aime davantage. Il me semble habité, hanté, dirai-je, par un tas de gens que je ne soupçonnais point et qui cependant ont laissé quelque chose d’eux en cette couche.

«Oh! comme je ne comprends pas ceux qui achètent des lits nouveaux, des lits sans mémoires. Le mien, le nôtre, si vieux, si usé, et si spacieux, a dû contenir bien des existences, de la naissance au tombeau. Songez-y, mon ami; songez à tout, revoyez des vies entières entre ces quatre colonnes, sous ce tapis à personnages tendu sur nos têtes, qui a regardé tant de choses. Qu’a-t-il vu depuis trois siècles qu’il est là?

«Voici une jeune femme étendue. De temps en temps elle pousse un soupir, puis elle gémit; et les vieux parents l’entourent, et voilà que d’elle sort un petit être miaulant comme un chat, et crispé, tout ridé. C’est un homme qui commence. Elle, la jeune mère, se sent douloureusement joyeuse; elle étouffe de bonheur à ce premier cri, et tend les bras et suffoque et, autour on pleure avec délices; car ce petit morceau de créature vivante séparé d’elle, c’est la famille continuée, la prolongation du sang, du cœur et de l’âme des vieux qui regardent, tout tremblants.

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