-->

Sous Le Soleil De Satan

На нашем литературном портале можно бесплатно читать книгу Sous Le Soleil De Satan, Bernanos Georges-- . Жанр: Классическая проза. Онлайн библиотека дает возможность прочитать весь текст и даже без регистрации и СМС подтверждения на нашем литературном портале bazaknig.info.
Sous Le Soleil De Satan
Название: Sous Le Soleil De Satan
Автор: Bernanos Georges
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 190
Читать онлайн

Sous Le Soleil De Satan читать книгу онлайн

Sous Le Soleil De Satan - читать бесплатно онлайн , автор Bernanos Georges

Ce roman composite alterne r?cit biographique, lettres, digressions philosophiques et narration proprement dite, en un prologue et deux parties.

Prologue. Germaine Malorthy, Mouchette, a seize ans. Elle r?v?le ? ses parents qu'elle est enceinte. Son p?re va demander r?paration au marquis de Cadignan, hobereau local, qu'il soup?onne d'avoir s?duit sa fille. Mais il n'en obtient rien et retourne sa col?re contre Mouchette. Celle-ci s'enfuit, va trouver Cadignan et se heurte aussi ? son incompr?hension. D?sesp?r?e, elle le tue…

Premi?re partie. Au cours de la nuit de No?l, l'abb? Donissan discute avec son sup?rieur, l'abb? Menou-Segrais. Ce dernier, conscient de la valeur du jeune pr?tre, refuse d'acc?der ? la demande de Donissan qui se sent moralement trop faible pour accomplir correctement sa t?che pastorale. Il le maintient dans ses fonctions et lui confie de surcro?t une mission ? ?taples. Sur la route, Donissan s'?gare, et, rencontrant un ?trange maquignon, se trouve face ? face avec lui-m?me – ou le Diable. C'est alors que, errant dans la nuit du c?t? du ch?teau de Cadignan, Mouchette surgit devant lui…

Ce premier v?ritable roman de Georges Bernanos annonce les principaux th?mes auxquels il restera fid?le par la suite: r?volte contre le pharisa?sme bien-pensant, exp?rience du Mal, d?tresse des humbles.

Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала

1 ... 7 8 9 10 11 12 13 14 15 ... 56 ВПЕРЕД
Перейти на страницу:

– Je ne suis pas si bête, va! Je sais comme ça vous est aisé, à vous autres. Une, deux, trois, pfutt! fini, envolé, plus rien…

– Ce que tu me demandes là de commettre, mon petit, est un acte grave, réprimé par la loi. Comme d’habitude, j’ai là-dessus mon franc-parler. Mais un homme dans ma situation doit tenir compte d’opinions – ou, si tu veux, de préjugés – peut-être respectables, certainement puissants… La loi est la loi.

Car il pensait bien dès lors que la démarche imprudente de Mouchette l’avait trahie. Qu’une amante est plus légère, quand elle a livré son secret!

– Tu ne saurais m’apprendre mon métier, petite, ajouta-t-il, complaisant. L’amour ne me fera jamais perdre la tête au point d’en oublier des précautions élémentaires… D’ailleurs peut-être interprètes-tu de travers des symptômes que tu connais mal. Mais si tu es enceinte, Mouchette, tu ne l’es pas de moi.

– N’en parlons plus, s’écria-t-elle en riant. J’irai jusqu’à Boulogne, voilà tout. Croirait-on pas que je te demande la lune?

– La simple honnêteté m’impose encore un devoir…

– Lequel?

– Je dois t’avertir qu’une intervention chirurgicale est toujours dangereuse, parfois mortelle… Voilà.

– Voilà! fit-elle.

Puis s’étant levée, elle gagna la porte, d’un pas discret, presque humble. Mais c’est en vain qu’elle tourna la poignée, d’un geste d’abord hésitant, puis de plus en plus nerveux, puis affolé. Par distraction sans doute, Gallet l’avait refermée à double tour. Elle fit quelques pas en arrière, jusqu’au bureau, où elle s’arrêta, toute pâle. Elle se parlait à elle-même; elle répéta plusieurs fois d’une voix blanche:

–  Cela me rappelle quelque chose, mais quoi?

Fut-ce le bruit de la pluie sur les vitres? Ou l’ombre tout à coup épaissie? Ou quelque cause plus secrète? Gallet courut à la porte, la tira, l’ouvrit toute grande. Il l’ouvrit. Et moins à sa maîtresse qu’à sa peur, à son propre péril – il ne savait quoi – qui était dans son air, à sa portée – la parole qui allait être dite et qu’il ne fallait pas entendre, – à l’aveu mystérieux que les lèvres – déjà tremblantes – ne retiendraient plus longtemps. Et son geste fut si brusque, si instinctif, que, dans l’ombre du corridor, se retournant vers la lumière, il s’étonnait d’être là, face à sa maîtresse immobile.

La peur du ridicule lui rendit cependant la voix:

– Si tu es si pressée de partir, ma fille, je ne te retiens pas. Excuse-moi seulement d’avoir tout à l’heure bouclé la serrure, ajouta-t-il par un raffinement de politesse dont il se sut gré. Je l’ai fait sans y penser, par distraction.

Elle l’écoutait les yeux baissés, sans sourire. Puis elle passa devant lui, et s’éloigna, du même pas humble, tête basse.

Cette soumission si peu attendue acheva de déconcerter le médecin de Campagne. Pareil à beaucoup d’imbéciles qui, dans un cas grave, ont toujours quelque chose à dire et s’en avisent trop tard, un simple et silencieux dénouement de leur querelle était fait pour l’écœurer. Dans le temps si court que Mlle Malorthy mit à gagner la porte de la rue, la petite cervelle de Gallet ne put achever de mûrir la phrase décisive, habile et ferme à la fois, qui, sans compromettre sa dignité, eût ramené Mouchette compatissante jusqu’au fauteuil de reps vert. Mais quand la petite main bien-aimée toucha la poignée, quand il vit la noire silhouette déjà dressée sur le seuil, tout son pauvre corps n’eut qu’un cri:

– Germaine!

Il la saisit sous les bras, la tint pliée sur sa poitrine et, repoussant violemment la porte du pied, la jeta dans le fauteuil vide.

Puis aussitôt, comme si ce grand effort eût dissipé en un moment tout son courage, il s’assit au hasard sur la première chaise rencontrée, blême. Et déjà, elle rampait vers lui, ses cheveux dénoués, ses mains jetées en avant, plus suppliante encore que ses yeux pâlis d’angoisse.

– Ne me laisse pas, répétait-elle. Ne me laisse pas. Ne me mets pas dehors aujourd’hui… J’ai fait tout à l’heure un rêve… Oh! quel rêve…

– On a fermé la porte de la cuisine. Timoléon est sorti… Il y a là quelqu’un…, murmura, en écartant doucement sa maîtresse, le héros vaincu.

Mais elle liait ses bras autour de sa poitrine.

– Garde-moi! Je suis folle! Je n’ai jamais peur. C’est la première fois. C’est fini.

Il l’écarta de nouveau, l’étendit sur le divan. Elle se redressa tout de suite. Ses joues étaient déjà roses. Elle répétait machinalement: a C’est fini… C’est fini…» mais d’un autre accent.

Cependant Gallet avait quitté la place. Il revint presque aussitôt, soucieux.

– Je n’y comprends rien, fit-il. La porte de la buanderie est ouverte, et la fenêtre de la cuisine aussi. Cependant Timoléon n’est pas rentré; j’ai vu ses deux sabots sur les marches…

Il haussa le ton pour dire à sa maîtresse avec une affreuse grimace:

– Quelles folies tu me fais faire!

Elle sourit.

– C’est la dernière. Je vais être sage.

– Sacré Timoléon! La maison est comme un moulin, ma parole!

– De qui as-tu peur?

– J’ai cru un moment que c’était ma femme, répondit naïvement le grand homme de Campagne.

Il crut plus digne d’ajouter aussitôt:

– Elle rentre ainsi quelquefois sans crier gare.

– Laisse ta femme en paix, répondit Mouchette, décidément calmée. Nous l’aurions vue. Je veux aussi te demander pardon: j’ai été si désagréable, mon pauvre chat! Tu aurais bien fait de me laisser partir. Je serais revenue. J’ai besoin de toi, mon minet… Oh! pas pour ce que tu penses, s’écria-t-elle en lui prenant la main; nous n’allons pas nous brouiller pour un gosse de rien du tout, et qui ne viendra jamais au monde, je t’en donne ma parole! Je ne veux pas de scandale ici. Pour le risque, je m’en fiche! Non. J’ai besoin de toi, parce que tu es le seul homme à présent auquel je puis parler sans mentir.

Comme il haussait les épaules:

– Tu crois que ça n’est rien, reprit Mouchette. (Elle parlait vite, vite, avec une fièvre charmante.) Hé bien! mon chéri, on voit que tu ne me ressembles guère! Quand j’étais petite, je mentais souvent sans plaisir. À présent, c’est plus fort que moi. Devant toi, je suis ce que je veux. La sale crampe, non pas de jouer son rôle, mais justement le rôle qui dégoûte! Pourquoi ne sommes-nous pas comme les bêtes qui vont, viennent, mangent, meurent sans jamais penser au public? À la porte de la boucherie centrale, tu vois des bœufs manger leur foin à deux pas du mandrin, devant le boucher aux bras rouges, qui les regarde en riant. J’envie ça, moi! Et même, je te dirai plus…

– Ta-ra-tata? interrompit le médecin de Campagne. Dis-moi plutôt, là, franchement, pourquoi, tout à l’heure?… Voyons! tu parais te rendre très sagement, loyalement, à mes raisons; tu parais résignée à demander à d’autres – je ne veux pas les connaître, je ne veux pas savoir leurs noms – l’acte dangereux, discutable, dont je ne puis accepter la responsabilité; tu t’en vas sans colère, avec une mine de chien battu, mais docile… et soudain… – oh! oh! je te parais curieux, mais tu ne peux pas savoir: c’est ce que nous appelons un cas, un cas très intéressant… – soudain pour une serrure fermée, une porte qui ne cède pas tout de suite, voilà que tu fais une crise de délire, de véritable délire!… (L’imitant:) «J’ai fait tout à l’heure un rêve… Oh! quel rêve!…» Je t’ai rattrapée au vol. Tu avais une mine si singulière! Où allais-tu?

– Tu veux le savoir? Mais tu ne me croiras pas.

– Dis toujours.

– J’allais me tuer, répondit tranquillement Mouchette. Il frappa violemment ses genoux du plat de la main.

– Tu te moques de moi!

– Ou si tu veux, poursuivit-elle, imperturbable, je voyais comme je te vois un coin de la mare du Vauroux, près de la ferme, sous deux saules, où j’allais me jeter. Derrière, entre les arbres, on aperçoit les ardoises du château. Que veux-tu que je te dise? Ce sont des bêtises. Je sais bien…, j’étais folle.

– Sacrebleu! s’écria le médecin de Campagne, en se précipitant vers la porte, cette fois-ci on a marché là-haut! C’est son pas!

Et, comme elle éclatait de rire, il la menaça du regard si terriblement, qu’elle crut devoir étouffer le reste de sa gaieté dans son petit mouchoir.

Elle entendit glisser ses savates jusqu’à l’escalier; les premières marches grincèrent, puis le silence retomba. Il était de nouveau devant elle.

– C’est Zéléda, dit-il. J’ai vu son sac de voyage dans le couloir du premier. Elle aura pris le train de 20h. 30, pour épargner la dépense d’une nuit d’hôtel. Comment n’ai-je pas prévu! Elle est là depuis dix minutes, vingt minutes peut-être, sait-on?… File!

Il trépignait d’impatience, bien que dans l’excès de son humiliation il essayât de se composer une attitude. Mais Mouchette lui répondit froidement:

1 ... 7 8 9 10 11 12 13 14 15 ... 56 ВПЕРЕД
Перейти на страницу:
Комментариев (0)
название