Le Compagnon Du Tour De France
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Pierre Huguenin et son p?re sont compagnons. Le Comte de Villepreux les a engag?s pour qu'ils restaurent les boiseries de sa chapelle. Le Comte vit avec deux jeunes femmes: sa fille Yseult, tr?s cultiv?e et ?prise d'id?al, et la Marquise Jos?phine des Fresnays, qui est passionn?e et romantique. Pierre Huguenin quitte le manoir pour aller chercher des ouvriers capables de remplacer son p?re qui a eu un accident le rendant inapte au travail. Il ram?ne son ami nantais, le Corinthien qui abandonne son amie La Savinienne au profit de Jos?phine. Le Comte de Villepreux refuse de voir des roturiers, m?me cultiv?s, entrer dans sa famille. Il exp?die le Corinthien en Italie. Pierre et Yseult doivent, eux aussi, renoncer ? leur amour, bien qu'il soit pur et calme.
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– Puisqu’elle vous plaît tant, dit Yseult attendrie dans son âme d’artiste, prenez-la, je vous la donne.
Pierre aurait mieux aimé qu’elle lui dît: – Je vous en prie. Il la força de le dire en refusant avec une certaine fierté.
– Vous me ferez beaucoup de plaisir en l’acceptant, reprit Yseult; j’en retrouverai une autre pour moi. Ne craignez pas de m’en priver.
– Eh bien! dit Pierre, je vous ferai un cadre en échange.
– En échange? dit mademoiselle de Villepreux qui trouva le mot un peu familier.
– Pourquoi non? dit Pierre qui, dans les choses délicates, retrouvait spontanément le tact et l’aplomb d’une nature élevée. Je ne suis pas forcé d’accepter un cadeau.
– Vous avez raison, répondit Yseult avec un mouvement de noble franchise. J’accepte le cadre, et avec bien du plaisir. Et elle ajouta en voyant le doux orgueil qui brillait sur le front de l’artisan: – Si mon grand-père était là, il serait enchanté de voir cette gravure entre vos mains.
Peut-être que cet innocent et dangereux entretien se fût prolongé; mais la petite marquise des Frenays vint l’interrompre. Elle débuta par un cri de surprise fort bizarre.
– Qu’avez-vous donc, ma chère? lui dit Yseult avec un sang-froid qui la déconcerta tout à coup.
– Je m’attendais à vous trouver seule, répondit la marquise.
– Eh bien! ne suis-je pas seule ? dit Yseult en baissant la voix pour que l’ouvrier n’entendit pas ce mot terrible; mais il l’entendit: le cœur saisit parfois mieux que l’oreille. L’affreuse réponse tomba comme la mort dans cette âme embrasée d’amour et de bonheur. Il jeta la gravure au fond du carton, et le carton sur une chaise, avec un mouvement d’horreur qui ne put échapper à mademoiselle de Villepreux; et, reprenant son marteau, il acheva de replacer la porte avec une rapidité extrême. Puis, s’éloignant sans saluer, sans tourner les yeux vers les deux dames, il quitta l’atelier plein de haine pour son idole, et plein de mépris pour lui-même aussi, qui s’était laissé bercer par de folles imaginations.