Le Compagnon Du Tour De France
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Pierre Huguenin et son p?re sont compagnons. Le Comte de Villepreux les a engag?s pour qu'ils restaurent les boiseries de sa chapelle. Le Comte vit avec deux jeunes femmes: sa fille Yseult, tr?s cultiv?e et ?prise d'id?al, et la Marquise Jos?phine des Fresnays, qui est passionn?e et romantique. Pierre Huguenin quitte le manoir pour aller chercher des ouvriers capables de remplacer son p?re qui a eu un accident le rendant inapte au travail. Il ram?ne son ami nantais, le Corinthien qui abandonne son amie La Savinienne au profit de Jos?phine. Le Comte de Villepreux refuse de voir des roturiers, m?me cultiv?s, entrer dans sa famille. Il exp?die le Corinthien en Italie. Pierre et Yseult doivent, eux aussi, renoncer ? leur amour, bien qu'il soit pur et calme.
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Quand Pierre eut songé à tout et épuisé le reste de ses forces, il en resta encore à la Savinienne pour le soigner. Lui aussi était blessé et affaibli, et surtout brisé dans le fond de son âme. Que ne devait pas souffrir, en effet, cette organisation toujours portée vers l’idéal, et rejetée sans cesse dans la plus brutale réalité! Quand il fut seul, il se sentit désespéré; et, se souvenant des coups qu’il avait été forcé de porter, voyant se dresser devant lui tous les spectres de l’insomnie et de la fièvre, il désira mourir, et tordit ses mains dans l’excès d’une horrible douleur. Le sommeil vint enfin à son secours, et il resta plongé dans un accablement presque léthargique depuis le jour naissant jusqu’à la nuit.
La Savinienne se reposa à peine deux ou trois heures. Elle partagea sa sollicitude, tout le reste du jour, entre sa fille, que la peur avait rendue malade aussi, le Corinthien et l’Ami-du-trait.
Le Dignitaire et ceux des compagnons qui avaient su s’échapper à temps de la scène du combat, vinrent la voir et la rassurer. Plusieurs des blessés étaient hors de danger; on lui cacha, tant qu’on put, l’agonie et la mort de quelques autres. Mais on craignait l’effet des poursuites judiciaires. On avait déjà fait sauver un compagnon qui, comme Amaury, avait donné la mort à un de ses ennemis, et on conseilla à Pierre de fuir aussi avec le Corinthien. Dès que ce dernier put marcher, c’est-à-dire la nuit suivante, Pierre le conduisit à la cabane du Vaudois, en attendant qu’il put prendre la diligence et se rendre à Villepreux. Le bon charpentier le cacha dans sa soupente, et lui prodigua tous les soins de l’amitié. Il était devenu médecin lui-même, à ce qu’il prétendait, à force d’avoir eu affaire à des médecins. Il se mit en demeure de le médicamenter; et Pierre, tranquillisé sur son compte, retourna à Blois, décidé à ne point abandonner ses frères captifs tant que ses démarches et son témoignage pourraient servir à leur justification et à leur délivrance.