La Marquise De Pompadour – Tome II – Le Rival Du Roi
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Le Rival du roi est la suite de La Marquise de Pompadour. Jeanne Poisson, devenue Madame d'Etioles, se retrouve prisonni?re du myst?rieux M. Jacques et du comte du Barry. Juliette B?cu, la fausse comtesse du Barry, devient, gr?ce ? un subterfuge, la ma?tresse en titre du roi. La pr?sentation ? la cour est imminente. Louis XV est par ailleurs convaincu que le chevalier d'Assas est l'amant de Jeanne et il le fait embastiller. Autour du roi s'agite une ?trange association ? laquelle participent son propre valet Lebel, des membres de sa garde, le futur cardinal de Bernis…
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– Et moi qui croyais t’apporter une heureuse nouvelle! gémit le gros homme épouvanté.
– Une heureuse nouvelle! Ah ça! mais tu n’as donc rien là? et le poète se frappait la poitrine.
– Je… je… ne comprends pas… bredouilla l’ivrogne.
– Corbleu! je le vois bien. Sans quoi, tu ne serais pas venu me dire en face de telles infamies. Si je me doutais que tu eusses compris, je te jetterais par la fenêtre!
– Par la fenêtre! Moi! ton ami! ton frère! larmoya Noé.
– Oui, morbleu! Tu viens de me dire de si monstrueuses infamies que si je ne te connaissais pas aussi inconscient dans ton abjection, je t’aurais déjà passé mon épée au travers du corps; car tu es trop lourd et ma fenêtre est trop étroite!
– Crébillon, tu m’assassines! N’ai-je donc échappé à la pendaison ou à l’estrapade que pour mourir de ta main, moi… ton ami!
– Il n’y a plus d’amis ici. Sortez!…
– Tu me chasses!… Crébillon… écoute-moi… s’écria Poisson en versant des larmes sincères; si je ne t’ai plus, que vais-je devenir? avec qui boirai-je?…
Crébillon, devant cette douleur naïvement grotesque mais vraie, laissa tomber sur son compagnon un regard de compassion et, haussant les épaules:
– Tu tiens donc bien à mon amitié?
– Si j’y tiens?… au point que, tiens, s’il le fallait, je boirais de l’eau avec toi… Ah!…
Une telle preuve d’amitié honorait-elle Crébillon? Relevait-elle Poisson du degré d’infamie où l’ivrognerie l’avait conduit?
Le lecteur en jugera. Toujours est-il que le poète se sentit ému.
– Eh bien! s’il en est ainsi, dit-il, il faut m’aider à défaire ce que nous avons fait, malheureux! Il ne faut pas que Mme d’Étioles soit la maîtresse du roi… par notre volonté, du moins!
– Je ferai ce que tu voudras: commande, j’obéirai! assura Poisson avec fermeté.
– C’est bien, laisse-moi réfléchir…
– Crébillon? interrogea l’ivrogne en voyant que son ami s’apaisait.
– Quoi? Que veux-tu encore?
– Si je consens à tout ce que tu voudras, prendras-tu ta part de cet argent?
– Nous verrons plus tard! Quand nous aurons réparé! Quand cet or ne sera pas impur comme le plomb vil dont parle le grand Racine.
– Au moins, soupira Noé, consentiras-tu à boire du vin? Tu ne voudrais pas, Crébillon, boire de l’eau… de l’eau, songes-y, c’est terrible, cela!
– En effet, murmura le poète épouvanté à son tour.
– Tu vois!… Tu frémis… Promets-moi de ne pas boire de l’eau.
– Soit, je te le promets, fit Crébillon magnanime, mais tu feras ce que je voudrai?
– C’est juré! Tu n’as qu’à parler!
– Alors, ramasse ton argent: nous en aurons peut-être besoin. Et pour réparer le mal, il pourra servir… Et, maintenant, allons à l’hôtel d’Étioles.
– À l’hôtel d’Étioles! qu’allons-nous y faire?
– Tu le verras: de là, nous irons à Versailles, s’il le faut…
– À Versailles?… Je ne comprends pas!
– Imbécile! Où est le roi?
– À Versailles! Tiens, c’est vrai!
– C’est donc là qu’il faut aller: puisque le roi s’y trouve, Mme d’Étioles doit y être aussi. Mais d’abord, à l’hôtel d’Étioles!…
Et les deux hommes, redevenus plus amis, plus unis que jamais, descendirent bras dessus, bras dessous, Noé poussant de gros soupirs en songeant à ses rêves envolés, mais se consolant à la pensée que son ami Crébillon lui restait… et qu’ils ne boiraient pas d’eau.
