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Les Tribulations DUn Chinois En Chine

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Les Tribulations DUn Chinois En Chine
Название: Les Tribulations DUn Chinois En Chine
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Tribulations DUn Chinois En Chine - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Le richissime Chinois Kin-Fo vient de se trouver soudainement ruin?. La vie, qui lui paraissait jusqu'alors insipide, lui devient insupportable. Il contracte une assurance vie de 200 000 dollars en faveur de sa fianc?e L?-ou et du philosophe Wang, son mentor et ami ? qui il demande de le tuer dans un d?lai de deux mois, tout en lui remettant une lettre qui l'innocentera de ce meurtre. Avant le d?lai imparti, Kin-Fo recouvre sa fortune, doubl?e. Il n'est plus question pour lui de renoncer ? la vie. Mais Wang a disparu avec la lettre et il n'est pas homme ? rompre une promesse! Voil? donc Kin-Fo condamn? ? mort, par ses propres soins! Une seule ressource: retrouver Wang. Et Kin-Fo de se lancer dans le plus haletant des p?riples au pays du C?leste Empire. R?cit alerte ? l'intrigue parfaitement bien men?e, Les tribulations d'un Chinois en Chine est un des joyaux des " Voyages extraordinaires " du grand Jules Verne.

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Quel assaut de politesses! Ces notables personnages avaient été invités sur papier rouge, en quelques lignes de caractères microscopiques: «M. Kin-Fo, de Shang-Haï, salue humblement monsieur… et le prie plus humblement encore… d'assister à l'humble cérémonie…» etc.

Tous étaient venus pour honorer les époux, et prendre leur part du magnifique festin réservé aux hommes, tandis que les dames se réuniraient à une table spécialement servie pour elles.

Il y avait là le négociant Yin-Pang et le lettré Houal. Puis, c'étaient quelques mandarins qui portaient à leur chapeau officiel le globule rouge, gros comme un œuf de pigeon, indiquant qu'ils appartenaient aux trois premiers ordres.

D'autres, de catégorie inférieure, n'avaient que des boutons bleu opaque ou blanc opaque. La plupart étaient des fonctionnaires civils, d'origine chinoise, ainsi que devaient être les amis d'un Shanghaïen hostile à la race tartare. Tous, en beaux habits, en robes éclatantes, coiffures de fêtes, formaient un éblouissant cortège.

Kin-Fo – ainsi le voulait la politesse – les attendait à l'entrée même de l'hôtel. Dès qu'ils furent arrivés, il les conduisit au salon de réception, après les avoir priés par deux fois de vouloir bien passer devant lui, à chacune des portes que leur ouvraient des domestiques en grande livrée. Il les appelait par leur «noble nom», il leur demandait des nouvelles de leur «noble santé», il s'informait de leurs «nobles familles». Enfin, un minutieux observateur de la civilité puérile et honnête n'aurait pas eu à signaler la plus légère incorrection dans son attitude.

Craig et Fry admiraient ces politesses; mais, tout en admirant, ils ne perdaient pas de vue leur irréprochable client.

Une même idée leur était venue, à tous les deux. Si, par impossible, Wang n'avait pas péri, comme on le croyait, dans les eaux du fleuve?… S'il venait se mêler à ces groupes d'invités?… La vingt-quatrième heure du vingt- cinquième jour de juin – l'heure extrême – n'avait pas sonné encore! La main du Taï-ping n'était pas désarmée!

Si, au dernier moment?…

Non! cela n'était pas vraisemblable, mais enfin, c'était possible. Aussi, par un reste de prudence, Craig et Fry regardaient-ils soigneusement tout ce monde… En fin de compte, ils ne virent aucune figure suspecte.

Pendant ce temps, la future quittait sa maison de l'avenue de Cha-Coua, et prenait place dans un palanquin fermé.

Si Kin-Fo n'avait pas voulu prendre le costume de mandarin que tout fiancé a droit de revêtir – par honneur pour cette institution du mariage que les anciens législateurs tenaient en grande estime – Lé-ou s'était conformée aux règlements de la haute société. Avec sa toilette, toute rouge, faite d'une admirable étoffe de soie brodée, elle resplendissait. Sa figure se dérobait, pour ainsi dire, sous un voile de perles fines, qui semblaient s'égoutter du riche diadème dont le cercle d'or bordait son front. Des pierreries et des fleurs artificielles du meilleur goût constellaient sa chevelure et ses longues nattes noires. Kin-Fo ne pouvait manquer de la trouver plus charmante encore, lorsqu'elle descendrait du palanquin que sa main allait bientôt ouvrir.

Le cortège se mit en route. Il tourna le carrefour pour prendre la Grande-Avenue et suivre le boulevard de Tiène-Men. Sans doute, il eût été plus magnifique, s'il se fût agi d'un enterrement au lieu d'une noce, mais, en somme, cela méritait que les passants s'arrêtassent pour le voir passer.

Des amies, des compagnes de Lé-ou suivaient le palanquin, portant en grande pompe les différentes pièces du trousseau. Une vingtaine de musiciens marchaient en avant avec grand fracas d'instruments de cuivre, entre lesquels éclatait le gong sonore. Autour du palanquin s'agitait une foule de porteurs de torches et de lanternes aux mille couleurs. La future restait toujours cachée aux yeux de la foule. Les premiers regards, auxquels la réservait l'étiquette, devaient être ceux de son époux.

Ce fut dans ces conditions, et au milieu d'un bruyant concours de populaire, que le cortège arriva, vers huit heures du soir, à l'hôtel du «Bonheur Céleste».

Kin-Fo se tenait devant l'entrée richement décorée. Il attendait l'arrivée du palanquin pour en ouvrir la porte.

Cela fait, il aiderait sa future à descendre, et il la conduirait dans l'appartement réservé, où tous deux salueraient quatre fois le ciel. Puis, tous deux se rendraient au repas nuptial. La future ferait quatre génuflexions devant son mari. Celui-ci, à son tour, en ferait deux devant elle. Ils répandraient deux ou trois gouttes de vin sous forme de libations. Ils offriraient quelques aliments aux esprits intermédiaires. Alors, on leur apporterait deux coupes pleines. Ils les videraient à demi, et, mélangeant ce qui resterait dans une seule coupe, ils y boiraient l'un après l'autre. L'union serait consacrée.

Le palanquin était arrivé. Kin-Fo s'avança. Un maître de cérémonies lui remit la clef. Il la prit, ouvrit la porte, et tendit la main à la jolie Lé-ou, tout émue. La future descendit légèrement et traversa le groupe des invités, qui s'inclinèrent respectueusement en élevant la main à la hauteur de la poitrine.

Au moment où la jeune femme allait franchir la porte de l'hôtel, un signal fut donné. D'énormes cerfs-volants lumineux s'élevèrent dans l'espace et balancèrent au souffle de la brise leurs images multicolores de dragons, de phénix et autres emblèmes du mariage. Des pigeons éoliens, munis d'un petit appareil sonore, fixé à leur queue, s'envolèrent et remplirent l'espace d'une harmonie céleste. Des fusées aux mille couleurs partirent en sifflant, et de leur éblouissant bouquet s'échappa une pluie d'or.

Soudain, un bruit lointain se fit entendre sur le boulevard de Tiène-Men. C'étaient des cris auxquels se mêlaient les sons clairs d'une trompette. Puis, un silence se faisait, et le bruit reprenait après quelques instants.

Tout ce brouhaha se rapprochait et eut bientôt atteint la rue où le cortège s'était arrêté.

Kin-Fo écoutait. Ses amis, indécis, attendaient que la jeune femme entrât dans l'hôtel.

Mais, presque aussitôt, la rue se remplit d'une agitation singulière. Les éclats de la trompette redoublèrent en se rapprochant.

«Qu'est-ce donc?» demanda Kin-Fo.

Les traits de Lé-ou s'étaient altérés. Un secret pressentiment accélérait les battements de son cœur.

Tout à coup, la foule fit irruption dans la rue. Elle entourait un héraut à la livrée impériale, qu'escortaient plusieurs tipaos.

Et ce héraut, au milieu du silence général, jeta ces seuls mots, auxquels répondit un sourd murmure: «Mort de l'impératrice douairière! Interdiction! Interdiction!» Kin-Fo avait compris. C'était un coup qui le frappait directement. Il ne put retenir un geste de colère!

Le deuil impérial venait d'être décrété pour la mort de la veuve du dernier empereur. Pendant un délai que fixerait la loi, interdiction à quiconque de se raser la tête, interdiction de donner des fêtes publiques et des représentations théâtrales, interdiction aux tribunaux de rendre la justice, interdiction de procéder à la célébration des mariages!

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