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Les Enfants Du Capitaine Grant

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Les Enfants Du Capitaine Grant
Название: Les Enfants Du Capitaine Grant
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Enfants Du Capitaine Grant - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…

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Combien elle était déchue de son ancienne splendeur! Souvent pillée par les indigènes, incendiée en 1819, désolée, ruinée, ses murs encore noircis par la flamme des dévastations, éclipsée déjà par Talcahuano, elle comptait à peine huit mille âmes.

Sous le pied paresseux des habitants, ses rues se transformaient en prairies. Pas de commerce, activité nulle, affaires impossibles. La mandoline résonnait à chaque balcon; des chansons langoureuses s’échappaient à travers la jalousie des fenêtres, et Concepcion, l’antique cité des hommes, était devenue un village de femmes et d’enfants.

Glenarvan se montra peu désireux de rechercher les causes de cette décadence, bien que Jacques Paganel l’entreprît à ce sujet, et, sans perdre un instant, il se rendit chez J R Bentock, esq, consul de sa majesté britannique. Ce personnage le reçut fort civilement, et se chargea, lorsqu’il connut l’histoire du capitaine Grant, de prendre des informations sur tout le littoral.

Quant à la question de savoir si le trois-mâts Britannia avait fait côte vers le trente-septième parallèle le long des rivages chiliens ou araucaniens, elle fut résolue négativement. Aucun rapport sur un événement de cette nature n’était parvenu ni au consul, ni à ses collègues des autres nations.

Glenarvan ne se découragea pas. Il revint à Talcahuano, et n’épargnant ni démarches, ni soins, ni argent, il expédia des agents sur les côtes.

Vaines recherches. Les enquêtes les plus minutieuses faites chez les populations riveraines ne produisirent pas de résultat. Il fallut en conclure que le Britannia n’avait laissé aucune trace de son naufrage.

Glenarvan instruisit alors ses compagnons de l’insuccès de ses démarches. Mary Grant et son frère ne purent contenir l’expression de leur douleur. C’était six jours après l’arrivée du Duncan à Talcahuano. Les passagers se trouvaient réunis dans la dunette.

Lady Helena consolait, non par ses paroles, – qu’aurait-elle pu dire? – mais par ses caresses, les deux enfants du capitaine. Jacques Paganel avait repris le document, et il le considérait avec une profonde attention, comme s’il eût voulu lui arracher de nouveaux secrets. Depuis une heure, il l’examinait ainsi, lorsque Glenarvan, l’interpellant, lui dit:

«Paganel! Je m’en rapporte à votre sagacité. Est-ce que l’interprétation que nous avons faite de ce document est erronée? Est-ce que le sens de ces mots est illogique?»

Paganel ne répondit pas. Il réfléchissait.

«Est-ce que nous nous trompons sur le théâtre présumé de la catastrophe? reprit Glenarvan. Est-ce que le nom de Patagonie ne saute pas aux yeux des gens les moins perspicaces?»

Paganel se taisait toujours.

«Enfin, dit Glenarvan, le mot indien ne vient-il pas encore nous donner raison?

– Parfaitement, répondit Mac Nabbs.

– Et, dès lors, n’est-il pas évident que les naufragés, au moment où ils écrivaient ces lignes, s’attendaient à devenir prisonniers des indiens?

– Je vous arrête là, mon cher lord, répondit enfin Paganel, et si vos autres conclusions sont justes, la dernière, du moins, ne me paraît pas rationnelle.

– Que voulez-vous dire? demanda lady Helena, tandis que tous les regards se fixaient sur le géographe.

– Je veux dire, répondit Paganel, en accentuant ses paroles, que le capitaine Grant est maintenant prisonnier des indiens, et j’ajouterai que le document ne laisse aucun doute sur cette situation.

– Expliquez-vous, monsieur, dit Miss Grant.

– Rien de plus facile, ma chère Mary; au lieu de lire sur le document seront prisonniers, lisons sont prisonniers, et tout devient clair.

– Mais cela est impossible! répondit Glenarvan.

– Impossible! Et pourquoi, mon noble ami? demanda Paganel en souriant.

– Parce que la bouteille n’a pu être lancée qu’au moment où le navire se brisait sur les rochers. De là cette conséquence, que les degrés de longitude et de latitude s’appliquent au lieu même du naufrage.

– Rien ne le prouve, répliqua vivement Paganel, et je ne vois pas pourquoi les naufragés, après avoir été entraînés par les indiens dans l’intérieur du continent, n’auraient pas cherché à faire connaître, au moyen de cette bouteille, le lieu de leur captivité.

– Tout simplement, mon cher Paganel, parce que, pour lancer une bouteille à la mer, il faut au moins que la mer soit là.

– Ou, à défaut de la mer, repartit Paganel, les fleuves qui s’y jettent!»

Un silence d’étonnement accueillit cette réponse inattendue, et admissible cependant. À l’éclair qui brilla dans les yeux de ses auditeurs, Paganel comprit que chacun d’eux se rattachait à une nouvelle espérance. Lady Helena fut la première à reprendre la parole.

«Quelle idée! s’écria-t-elle.

– Et quelle bonne idée, ajouta naïvement le géographe.

– Alors, votre avis?… Demanda Glenarvan.

– Mon avis est de chercher le trente-septième parallèle à l’endroit où il rencontre la côte américaine et de le suivre sans s’écarter d’un demi-degré jusqu’au point où il se plonge dans l’Atlantique. Peut-être trouverons-nous sur son parcours les naufragés du Britannia.

– Faible chance! répondit le major.

– Si faible qu’elle soit, reprit Paganel, nous ne devons pas la négliger. Que j’aie raison, par hasard, que cette bouteille soit arrivée à la mer en suivant le courant d’un fleuve de ce continent, nous ne pouvons manquer, dès lors, de tomber sur les traces des prisonniers. Voyez, mes amis, voyez la carte de ce pays, et je vais vous convaincre jusqu’à l’évidence!»

Ce disant, Paganel étala sur la table une carte du Chili et des provinces argentines.

«Regardez, dit-il, et suivez-moi dans cette promenade à travers le continent américain. Enjambons l’étroite bande chilienne. Franchissons la Cordillère des Andes. Descendons au milieu des pampas. Les fleuves, les rivières, les cours d’eau manquent-ils à ces régions? Non. Voici le Rio Negro, voici le Rio Colorado, voici leurs affluents coupés par le trente-septième degré de latitude, et qui tous ont pu servir au transport du document. Là, peut-être, au sein d’une tribu, aux mains d’indiens sédentaires, au bord de ces rivières peu connues, dans les gorges des sierras, ceux que j’ai le droit de nommer nos amis attendent une intervention providentielle! Devons-nous donc tromper leur espérance? N’est-ce pas votre avis à tous de suivre à travers ces contrées la ligne rigoureuse que mon doigt trace en ce moment sur la carte, et si, contre toute prévision, je me trompe encore, n’est-ce pas notre devoir de remonter jusqu’au bout le trente-septième parallèle, et, s’il le faut, pour retrouver les naufragés, de faire avec lui le tour du monde?»

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