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Les Enfants Du Capitaine Grant

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Les Enfants Du Capitaine Grant
Название: Les Enfants Du Capitaine Grant
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Enfants Du Capitaine Grant - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…

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Les travailleurs se firent des leviers avec les pieux arrachés à l’intérieur de l’oudoupa, et ils attaquèrent vigoureusement la masse rocheuse. Sous leurs efforts simultanés, le roc ne tarda pas à s’ébranler. Ils lui creusèrent une sorte de petite tranchée sur le talus du mont, afin qu’il pût glisser par ce plan incliné. À mesure qu’ils le soulevaient, les trépidations du sol s’accusaient plus violemment.

De sourds rugissements de flammes et des sifflements de fournaise couraient sous la croûte amincie. Les audacieux ouvriers, véritables cyclopes maniant les feux de la terre, travaillaient silencieusement.

Bientôt, quelques fissures et des jets de vapeur brûlante leur apprirent que la place devenait périlleuse. Mais un suprême effort arracha le bloc qui glissa sur la pente du mont et disparut.

Aussitôt la couche amincie céda. Une colonne incandescente fusa vers le ciel avec de véhémentes détonations, tandis que des ruisseaux d’eau bouillante et de laves roulaient vers le campement des indigènes et les vallées inférieures.

Tout le cône trembla, et l’on put croire qu’il s’abîmait dans un gouffre sans fond. Glenarvan et ses compagnons eurent à peine le temps de se soustraire aux atteintes de l’éruption; ils s’enfuirent dans l’enceinte de l’oudoupa, non sans avoir reçu quelques gouttes d’une eau portée à une température de quatre-vingt-quatorze degrés.

Cette eau répandit d’abord une légère odeur de bouillon, qui se changea bientôt en une odeur de soufre très marquée.

Alors, les vases, les laves, les détritus volcaniques, se confondirent dans un même embrasement. Des torrents de feu sillonnèrent les flancs du Maunganamu. Les montagnes prochaines s’éclairèrent au feu de l’éruption; les vallées profondes s’illuminèrent d’une réverbération intense.

Tous les sauvages s’étaient levés, hurlant sous la morsure de ces laves qui bouillonnaient au milieu de leur bivouac. Ceux que le fleuve de feu n’avait pas atteints fuyaient et remontaient les collines environnantes; puis, ils se retournaient épouvantés, et considéraient cet effrayant phénomène, ce volcan dans lequel la colère de leur dieu abîmait les profanateurs de la montagne sacrée. Et, à de certains moments où faiblissait le fracas de l’éruption, on les entendait hurler leur cri sacramentel:

«Tabou! Tabou! Tabou!»

Cependant, une énorme quantité de vapeurs, de pierres enflammées et de laves s’échappait de ce cratère du Maunganamu. Ce n’était plus un simple geyser comme ceux qui avoisinent le mont Hécla en Islande, mais le mont Hécla lui-même. Toute cette suppuration volcanique s’était contenue jusqu’alors sous l’enveloppe du cône, parce que les soupapes du Tongariro suffisaient à son expansion; mais lorsqu’on lui ouvrit une issue nouvelle, elle se précipita avec une extrême véhémence, et cette nuit-là, par une loi d’équilibre, les autres éruptions de l’île durent perdre de leur intensité habituelle.

Une heure après le début de ce volcan sur la scène du monde, de larges ruisseaux de lave incandescente coulaient sur ses flancs. On voyait toute une légion de rats sortir de leurs trous inhabitables et fuir le sol embrasé.

Pendant la nuit entière et sous l’orage qui se déchaînait dans les hauteurs du ciel, le cône fonctionna avec une violence qui ne laissa pas d’inquiéter Glenarvan. L’éruption rongeait les bords du cratère.

Les prisonniers, cachés derrière l’enceinte de pieux, suivaient les effrayants progrès du phénomène.

Le matin arriva. La fureur volcanique ne se modérait pas. D’épaisses vapeurs jaunâtres se mêlaient aux flammes; les torrents de lave serpentaient de toutes parts.

Glenarvan, l’œil aux aguets, le cœur palpitant, glissa son regard à tous les interstices de l’enceinte palissadée et observa le campement des indigènes.

Les maoris avaient fui sur les plateaux voisins, hors des atteintes du volcan. Quelques cadavres, couchés au pied du cône, étaient carbonisés par le feu. Plus loin, vers le pah, les laves avaient gagné une vingtaine de huttes, qui fumaient encore. Les zélandais, formant çà et là des groupes, considéraient le sommet empanaché du Maunganamu avec une religieuse épouvante.

Kai-Koumou vint au milieu de ses guerriers, et Glenarvan le reconnut. Le chef s’avança jusqu’au pied du cône, par le côté respecté des laves, mais il n’en franchit pas le premier échelon.

Là, les bras étendus comme un sorcier qui exorcise, il fit quelques grimaces dont le sens n’échappa point aux prisonniers. Ainsi que l’avait prévu Paganel, Kai-Koumou lançait sur la montagne vengeresse un tabou plus rigoureux.

Bientôt après, les indigènes s’en allaient par files dans les sentiers sinueux qui descendaient vers le pah.

«Ils partent! s’écria Glenarvan. Ils abandonnent leur poste! Dieu soit loué! Notre stratagème a réussi! Ma chère Helena, mes braves compagnons, nous voilà morts, nous voilà enterrés! Mais ce soir, à la nuit, nous ressusciterons, nous quitterons notre tombeau, nous fuirons ces barbares peuplades!»

On se figurerait difficilement la joie qui régna dans l’oudoupa. L’espoir avait repris tous les cœurs. Ces courageux voyageurs oubliaient le passé, oubliaient l’avenir, pour ne songer qu’au présent!

Et pourtant, cette tâche n’était pas facile de gagner quelque établissement européen au milieu de ces contrées inconnues. Mais, Kai-Koumou dépisté, on se croyait sauvé de tous les sauvages de la Nouvelle-Zélande!

Le major, pour son compte, ne cacha pas le souverain mépris que lui causaient ces maoris, et les expressions ne lui manquèrent pas pour les qualifier.

Ce fut un assaut entre Paganel et lui. Ils les traitèrent de brutes impardonnables, d’ânes stupides, d’idiots du Pacifique, de sauvages de Bedlam, de crétins des antipodes, etc., etc.

Ils ne tarirent pas.

Une journée entière devait encore s’écouler avant l’évasion définitive. On l’employa à discuter un plan de fuite. Paganel avait précieusement conservé sa carte de la Nouvelle-Zélande, et il put y chercher les plus sûrs chemins.

Après discussion, les fugitifs résolurent de se porter dans l’est, vers la baie Plenty. C’était passer par des régions inconnues, mais vraisemblablement désertes. Les voyageurs, habitués déjà à se tirer des difficultés naturelles, à tourner les obstacles physiques, ne redoutaient que la rencontre des maoris. Ils voulaient donc les éviter à tout prix et gagner la côte orientale, où les missionnaires ont fondé quelques établissements.

De plus, cette portion de l’île avait échappé jusqu’ici aux désastres de la guerre, et les partis indigènes n’y battaient pas la campagne.

Quant à la distance qui séparait le lac Taupo de la baie Plenty, on pouvait l’évaluer à cent milles.

Dix jours de marche à dix milles par jour. Cela se ferait, non sans fatigue; mais, dans cette courageuse troupe, nul ne comptait ses pas. Les missions une fois atteintes, les voyageurs s’y reposeraient en attendant quelque occasion favorable de gagner Auckland, car c’était toujours cette ville qu’ils voulaient gagner.

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