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Les Mysteres De Paris Tome III

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Les Mysteres De Paris Tome III
Название: Les Mysteres De Paris Tome III
Автор: Sue Eug?ne
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Mysteres De Paris Tome III - читать бесплатно онлайн , автор Sue Eug?ne

Voici un roman mythique, presque ? l'?gal du Comte de Monte-Cristo ou des Trois mousquetaires, un grand roman d'aventures, foisonnant, qui nous d?crit un Paris myst?rieux et inconnu, d?voil? dans ses recoins les plus secrets, un Paris exotique o? les apaches de Paris remplacent ceux de l'Am?rique.

Errant dans les rues sombres et dangereuses de la Cit?, d?guis? en ouvrier, le prince Rodolphe de G?rolstein sauve une jeune prostitu?e, Fleur-de-Marie, dite la Goualeuse, des brutalit?s d'un ouvrier, le Chourineur. Sans rancune contre son vainqueur, le Chourineur entra?ne Rodolphe et Fleur-de-Marie dans un tripot, Au Lapin Blanc. L?, le Chourineur et Fleur-de-Marie content leur triste histoire ? Rodolphe. Tous deux, livr?s d?s l'enfance ? l'abandon et ? la mis?re la plus atroce, malgr? de bons instincts, sont tomb?s dans la d?gradation: le meurtre pour le Chourineur, dans un moment de violence incontr?l?e, la prostitution pour Fleur-de-Marie. Rodolphe se fait leur protecteur et entreprend de les r?g?n?rer en les arrachant ? l'enfer du vice et de la mis?re o? ils sont plong?s…

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VII Le comte de Saint-Remy

Il y avait environ deux heures que Boyer, quittant Edwards, s’était rendu auprès de M. de Saint-Remy, lorsque le père de ce dernier vint frapper à la porte cochère de la maison de la rue de Chaillot.

Le comte de Saint-Remy était un homme de haute taille, encore alerte et vigoureux malgré son âge; la couleur presque cuivrée de son teint contrastait étrangement avec la blancheur éclatante de sa barbe et de ses cheveux; ses épais sourcils, restés noirs, recouvraient à demi ses yeux perçants profondément enfoncés dans leur orbite. Quoiqu’il portât, par une sorte de manie misanthropique, des vêtements presque sordides, il y avait dans toute sa personne quelque chose de calme, de fier, qui commandait le respect.

La porte de la maison de son fils s’ouvrit, il entra.

Un portier en grande livrée brun et argent, parfaitement poudré et chaussé de bas de soie, parut sur le seuil d’une loge élégante, qui avait autant de rapport avec l’antre enfumé des Pipelet que le tonneau d’une ravaudeuse peut en avoir avec la somptueuse boutique d’une lingerie à la mode.

– M. de Saint-Remy? demanda le comte d’un ton bref.

Le portier, au lieu de répondre, examinait avec une dédaigneuse surprise la barbe blanche, la redingote râpée et le vieux chapeau de l’inconnu, qui tenait à la main une grosse canne.

– M. de Saint-Remy? reprit impatiemment le comte, choqué de l’impertinent examen du portier.

– M. le vicomte n’y est pas.

Ce disant, le confrère de M. Pipelet tira le cordon et, d’un geste significatif, invita l’inconnu à se retirer.

– J’attendrai, dit le comte.

Et il passa outre.

– Eh! l’ami, l’ami! on n’entre pas ainsi dans les maisons! s’écria le portier en courant après le comte et en le prenant par le bras.

– Comment, drôle! répondit le vieillard d’un air menaçant en levant sa canne, tu oses me toucher!…

– J’oserai bien autre chose si vous ne sortez pas tout de suite. Je vous ai dit que M. le vicomte n’y était pas, ainsi allez-vous-en.

À ce moment, Boyer, attiré par ces éclats de voix, parut sur le perron de la maison.

– Quel est ce bruit? demanda-t-il.

– Monsieur Boyer, c’est cet homme qui veut absolument entrer, quoique je lui aie dit que M. le vicomte n’y était pas.

– Finissons! reprit le comte en s’adressant à Boyer, qui s’était approché; je veux voir mon fils… S’il est sorti, je l’attendrai…

Nous l’avons dit, Boyer n’ignorait ni l’existence ni la misanthropie du père de son maître; assez physionomiste d’ailleurs, il ne douta pas un moment de l’identité du comte, le salua respectueusement et répondit:

– Si Monsieur le comte veut bien me suivre, je suis à ses ordres…

– Allez, dit M. de Saint-Remy, qui accompagna Boyer, au profond ébahissement du portier.

Toujours précédé du valet de chambre, le comte arriva au premier étage et suivit son guide, qui, lui faisant traverser le cabinet de travail de Florestan de Saint-Remy (nous désignerons désormais le vicomte par ce nom de baptême pour le distinguer de son père), l’introduisit dans un petit salon communiquant à cette pièce, et situé immédiatement au-dessus du boudoir du rez-de-chaussée.

– M. le vicomte a été obligé de sortir ce matin, dit Boyer; si Monsieur le comte veut prendre la peine de l’attendre, il ne tardera pas à rentrer.

Et le valet de chambre disparut.

Resté seul, le comte regarda autour de lui avec assez d’indifférence; mais tout à coup, il fit un brusque mouvement, sa figure s’anima, ses joues s’empourprèrent, la colère contracta ses traits.

Il venait d’apercevoir le portrait de sa femme… de la mère de Florestan de Saint-Remy.

Il croisa ses bras sur sa poitrine, baissa la tête comme pour échapper à cette vision et marcha à grands pas.

– Cela est étrange! disait-il; cette femme est morte; j’ai tué son amant, et ma blessure est aussi vive, aussi douloureuse qu’au premier jour… Ma soif de vengeance n’est pas encore éteinte, ma farouche misanthropie, en m’isolant presque absolument du monde, m’a laissé face à face avec la pensée de mon outrage. Oui, car la mort du complice de cette infâme a vengé mon outrage, mais ne l’a pas effacé de mon souvenir.

«Oh! je le sens, ce qui rend ma haine incurable, c’est de songer que pendant quinze ans j’ai été dupe; c’est que pendant quinze ans j’ai entouré d’estime, de respect, une misérable qui m’avait indignement trompé. C’est que j’ai aimé son fils, le fils de son crime, comme s’il eût été mon enfant… car l’aversion que m’inspire maintenant ce Florestan ne me prouve que trop qu’il est le fruit de l’adultère!

«Et pourtant je n’ai pas la certitude absolue de son illégitimité; il est possible enfin qu’il soit mon fils… quelquefois ce doute m’est affreux… S’il était mon fils pourtant! Alors l’abandon où je l’ai laissé, l’éloignement, que je lui ai toujours témoigné, mon refus de le jamais voir, seraient impardonnables. Mais, après tout, il est riche, jeune, heureux: à quoi lui aurais-je été utile?… Oui, mais sa tendresse eût peut-être adouci les chagrins que m’a causés sa mère!

Après un moment de réflexion profonde, le comte reprit en haussant les épaules:

– Encore ces suppositions insensées, sans issue, qui ravivent toutes les peines! Soyons homme, et surmontons la stupide et pénible émotion que je ressens en songeant que je vais revoir celui que, pendant dix années, j’ai aimé avec la plus folle idolâtrie, que j’ai aimé comme mon fils, lui! lui! l’enfant de cet homme que j’ai vu tomber sous mon épée avec tant de bonheur, de cet homme dont j’ai vu couler le sang avec tant de joie! Et ils m’ont empêché d’assister à son agonie… à sa mort!… Oh! ils ne savaient pas ce que c’est que d’avoir été frappé aussi cruellement que je l’ai été!… Et puis, penser que mon nom, toujours respecté, honoré, a dû être si souvent prononcé avec insolence et dérision… comme on prononce celui d’un mari trompé!… Penser que mon nom… mon nom dont j’ai toujours été si fier, appartient à cette heure au fils de l’homme dont j’aurais voulu arracher le cœur!… Oh! je ne sais pas comment je ne deviens pas fou quand je songe à cela!

Et M. de Saint-Remy, continuant de marcher avec agitation, souleva machinalement la portière qui séparait le salon du cabinet de travail de Florestan et fit quelques pas dans cette dernière pièce.

Il avait disparu depuis un instant, lorsqu’une petite porte masquée dans la tenture s’ouvrit doucement, et Mme de Lucenay, enveloppée d’un grand châle de cachemire vert, coiffée d’un chapeau de velours noir très-simple, entra dans le salon que le comte venait de quitter pour un moment.

Expliquons la cause de cette apparition inattendue.

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