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Les Mysteres De Paris Tome III

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Les Mysteres De Paris Tome III
Название: Les Mysteres De Paris Tome III
Автор: Sue Eug?ne
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Mysteres De Paris Tome III - читать бесплатно онлайн , автор Sue Eug?ne

Voici un roman mythique, presque ? l'?gal du Comte de Monte-Cristo ou des Trois mousquetaires, un grand roman d'aventures, foisonnant, qui nous d?crit un Paris myst?rieux et inconnu, d?voil? dans ses recoins les plus secrets, un Paris exotique o? les apaches de Paris remplacent ceux de l'Am?rique.

Errant dans les rues sombres et dangereuses de la Cit?, d?guis? en ouvrier, le prince Rodolphe de G?rolstein sauve une jeune prostitu?e, Fleur-de-Marie, dite la Goualeuse, des brutalit?s d'un ouvrier, le Chourineur. Sans rancune contre son vainqueur, le Chourineur entra?ne Rodolphe et Fleur-de-Marie dans un tripot, Au Lapin Blanc. L?, le Chourineur et Fleur-de-Marie content leur triste histoire ? Rodolphe. Tous deux, livr?s d?s l'enfance ? l'abandon et ? la mis?re la plus atroce, malgr? de bons instincts, sont tomb?s dans la d?gradation: le meurtre pour le Chourineur, dans un moment de violence incontr?l?e, la prostitution pour Fleur-de-Marie. Rodolphe se fait leur protecteur et entreprend de les r?g?n?rer en les arrachant ? l'enfer du vice et de la mis?re o? ils sont plong?s…

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– Ma mère l’a enfermé là-haut après l’avoir rincé; il se couchera sans souper, dit Calebasse.

– Bon; mais qu’il vienne tout de même aider à décharger le bachot, n’est-ce pas, la mère? Moi, lui et Calebasse, en une tournée nous rentrerons tout ici…

La veuve leva le doigt au plafond. Calebasse comprit et monta chercher François.

Le sombre visage de la mère Martial s’était quelque peu déridé depuis l’arrivée de Nicolas; elle l’aimait plus que Calebasse, moins encore cependant que son fils de Toulon, comme elle disait… car l’amour maternel de cette farouche créature s’élevait en proportion de la criminalité des siens.

Cette préférence perverse explique suffisamment l’éloignement de la veuve pour ses deux jeunes enfants qui n’annonçaient pas de dispositions mauvaises, et sa haine profonde pour Martial, son fils aîné, qui, sans mener une vie irréprochable, pouvait passer pour un très-honnête homme si on le comparait à Nicolas, à Calebasse et à son frère le forçat de Toulon.

– Où as-tu picoré cette nuit? dit la veuve à Nicolas.

– En m’en retournant du quai de Billy, où j’ai rencontré le bourgeois avec qui j’avais rendez-vous pour ce soir, j’ai reluqué, près du pont des Invalides, une galiote amarrée au quai. Il faisait noir; j’ai dit: «Pas de lumière dans la cabine… les mariniers sont à terre… J’aborde… Si je trouve un curieux, je demande un bout de corde, censé pour reficeler ma rame…» J’entre dans la cabine… personne… Alors j’y rafle ce que je peux, des hardes, une grande caisse et, sur le pont, quatre saumons de cuivre; car j’ai fait deux tournées, la galiote était chargée de cuivre et de fer. Mais voilà François et Calebasse: vite au bachot!… Allons, file aussi, toi, eh!… Amandine, tu porteras les hardes… Avant de chasser… faut rapporter…

Restée seule, la veuve s’occupa des préparatifs du souper de la famille, plaça sur la table des verres, des bouteilles, des assiettes de faïence et des couverts d’argent.

Au moment où elle terminait ses apprêts, ses enfants rentrèrent pesamment chargés.

Le poids de deux saumons de cuivre qu’il portait sur ses épaules semblait écraser le petit François; Amandine disparaissait à moitié sous le monceau de hardes volées qu’elle tenait sur sa tête; enfin Nicolas, aidé de Calebasse, apportait une caisse de bois blanc, sur laquelle il avait placé le quatrième saumon de cuivre.

– La caisse, la caisse!… Éventrons-la, la caisse! s’écria Calebasse avec une sauvage impatience.

Les saumons de cuivre furent jetés sur le sol.

Nicolas s’arma du fer épais de la hachette qu’il portait à sa ceinture et l’introduisit sous le couvercle de la caisse, placée au milieu de la cuisine, afin de le soulever.

La lueur rougeâtre et vacillante du foyer éclairait cette scène de pillage; au-dehors, les sifflements du vent redoublaient de violence.

Nicolas, vêtu de sa peau de bouc, accroupi devant le coffre, tâchait de le briser, et proférait d’horribles blasphèmes en voyant l’épais couvercle résister à de vigoureuses pesées.

Les yeux enflammés de cupidité, les joues colorées par l’emportement de la rapine, Calebasse, agenouillée sur la caisse, y faisait porter tout le poids de son corps, afin de donner un point d’appui plus fixe à l’action du levier de Nicolas.

La veuve, séparée de ce groupe par la largeur de la table, où elle allongeait sa grande taille, se penchait aussi vers l’objet volé, le regard étincelant d’une fiévreuse convoitise.

Enfin, chose cruelle et malheureusement trop humaine! les deux enfants, dont les bons instincts naturels avaient souvent triomphé de l’influence maudite de cette abominable corruption domestique; les deux enfants, oubliant leurs scrupules et leurs craintes, cédaient à l’attrait d’une curiosité fatale…

Serrés l’un contre l’autre, l’œil brillant, la respiration oppressée, François et Amandine n’étaient pas les moins empressés de connaître le contenu du coffre, ni les moins irrités des lenteurs de l’effraction de Nicolas.

Enfin le couvercle sauta en éclats.

– Ah!… s’écria la famille d’une seule voix, haletante et joyeuse.

Et tous, depuis la mère jusqu’à la petite fille, s’abattirent et se précipitèrent avec une ardeur sauvage sur la caisse effondrée. Sans doute expédiée de Paris à un marchand de nouveautés d’un bourg riverain, elle contenait une grande quantité de pièces d’étoffe à l’usage des femmes.

– Nicolas n’est pas volé! s’écria Calebasse en déroulant une pièce de mousseline de laine.

– Non, répondit le brigand en déployant à son tour un paquet de foulards, j’ai fait mes frais…

– De la levantine… ça se vendra comme du pain…, dit la veuve en puisant à son tour dans la caisse.

– La receleuse de Bras-Rouge, qui demeure rue du Temple, achètera les étoffes, ajouta Nicolas; et le père Micou, le logeur en garni du quartier Saint-Honoré, s’arrangera du rouget .

– Amandine, dit tout bas François à sa petite sœur, comme ça ferait une jolie cravate, un de ces beaux mouchoirs de soie… que Nicolas tient à la main!…

– Ça ferait aussi une bien jolie marmotte, répondit l’enfant avec admiration.

– Faut avouer que tu as eu de la chance de monter sur cette galiote, Nicolas, dit Calebasse. Tiens, fameux!… Maintenant, voilà des châles… il y en a trois… vraie bourre de soie… Vois donc, ma mère!…

– La mère Burette donnera au moins cinq cents francs du tout, dit la veuve après un mûr examen.

– Alors ça doit valoir au moins quinze cents francs, dit Nicolas; mais, comme on dit, tout receleur… tout voleur. Bah! tant pis, je ne sais pas chicaner… je serai encore assez colas cette fois-ci pour en passer par où la mère Burette voudra et le père Micou aussi; mais lui, c’est un ami.

– C’est égal, il est voleur comme les autres, le vieux revendeur de ferraille; mais ces canailles de receleurs savent qu’on a besoin d’eux, reprit Calebasse en se drapant dans un des châles, et ils en abusent!

– Il n’y a plus rien, dit Nicolas, en arrivant au fond de la caisse.

– Maintenant il faut tout resserrer, dit la veuve.

– Moi, je garde ce châle-là, reprit Calebasse.

– Tu gardes… tu gardes…, s’écria brusquement Nicolas, tu le garderas… si je te le donne… Tu prends toujours… toi… madame Pas-Gênée…

– Tiens!… et toi donc, tu t’en prives… de prendre!

– Moi… je grinche en risquant ma peau; c’est pas toi qui aurais été enflaquée si on m’avait pincé sur la galiote…

– Eh bien! le voilà, ton châle, je m’en moque pas mal! dit aigrement Calebasse en le rejetant dans la caisse.

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