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Les Mysteres De Paris Tome V

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Les Mysteres De Paris Tome V
Название: Les Mysteres De Paris Tome V
Автор: Sue Eug?ne
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Mysteres De Paris Tome V - читать бесплатно онлайн , автор Sue Eug?ne

Voici un roman mythique, presque ? l'?gal du Comte de Monte-Cristo ou des Trois mousquetaires, un grand roman d'aventures, foisonnant, qui nous d?crit un Paris myst?rieux et inconnu, d?voil? dans ses recoins les plus secrets, un Paris exotique o? les apaches de Paris remplacent ceux de l'Am?rique.

Errant dans les rues sombres et dangereuses de la Cit?, d?guis? en ouvrier, le prince Rodolphe de G?rolstein sauve une jeune prostitu?e, Fleur-de-Marie, dite la Goualeuse, des brutalit?s d'un ouvrier, le Chourineur. Sans rancune contre son vainqueur, le Chourineur entra?ne Rodolphe et Fleur-de-Marie dans un tripot, Au Lapin Blanc. L?, le Chourineur et Fleur-de-Marie content leur triste histoire ? Rodolphe. Tous deux, livr?s d?s l'enfance ? l'abandon et ? la mis?re la plus atroce, malgr? de bons instincts, sont tomb?s dans la d?gradation: le meurtre pour le Chourineur, dans un moment de violence incontr?l?e, la prostitution pour Fleur-de-Marie. Rodolphe se fait leur protecteur et entreprend de les r?g?n?rer en les arrachant ? l'enfer du vice et de la mis?re o? ils sont plong?s…

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– Louise Morel m’a tout dit, madame, répondit le docteur. Dieu merci, ce misérable a cessé de vivre. Mais veuillez m’attendre un moment avec ces braves gens. Je vais voir comment se trouve Morel.

Puis s’adressant à la fille du lapidaire:

– Je vous en prie, Louise, soyez bien attentive. Au moment où je crierai: «Venez!», paraissez aussitôt, mais seule… Quand je dirai une seconde fois: «Venez!», les autres personnes entreront avec vous…

– Ah! monsieur, le cœur me manque, dit Louise en essuyant ses larmes. Pauvre père… Si cette épreuve était inutile!…

– J’espère qu’elle le sauvera. Depuis longtemps je la ménage… Allons, rassurez-vous, et songez à mes recommandations.

Et le docteur, quittant les personnes qui l’accompagnaient, entra dans une chambre dont les fenêtres grillées ouvraient sur un jardin.

Grâce au repos, à un régime salubre, aux soins dont on l’entourait, les traits de Morel le lapidaire n’étaient plus pâles, hâves et creusés par une maigreur maladive. Son visage plein, légèrement coloré, annonçait le retour de la santé; mais un sourire mélancolique, une certaine fixité qui souvent encore immobilisait son regard, annonçaient que sa raison n’était pas encore complètement rétablie.

Lorsque le docteur entra, Morel, assis et courbé devant une table, simulait l’exercice de son métier de lapidaire en disant:

– Treize cents francs… treize cents francs… ou sinon Louise sur l’échafaud… treize cents francs… Travaillons… travaillons… travaillons…

Cette aberration, dont les accès étaient d’ailleurs de moins en moins fréquents, avait toujours été le symptôme primordial de sa folie. Le médecin, d’abord contrarié de trouver Morel en ce moment sous l’influence de sa monomanie, espéra bientôt faire servir cette circonstance à son projet. Il prit dans sa poche une bourse contenant soixante-cinq louis qu’il y avait placés d’avance, versa cet or dans sa main et dit brusquement à Morel qui, profondément absorbé par son simulacre de travail, ne s’était pas aperçu de l’arrivée du docteur:

– Mon brave Morel… assez travaillé… Vous avez enfin gagné les treize cents francs qu’il vous faut pour sauver Louise… les voilà…

Et le docteur jeta sur la table la poignée d’or.

– Louise est sauvée! s’écria le lapidaire en ramassant l’or avec rapidité. Je cours chez le notaire.

Et se levant précipitamment il courut vers la porte.

– Venez! cria le docteur avec une vive angoisse, car la guérison instantanée du lapidaire pouvait dépendre de cette première impression.

À peine eut-il dit: «Venez!» que Louise parut à la porte, au moment même où son père s’y présentait.

Morel, stupéfait, recula deux pas en arrière et laissa tomber l’or qu’il tenait.

Pendant quelques minutes il contempla Louise dans un ébahissement profond, ne la reconnaissant pas encore. Il semblait pourtant tâcher de rappeler ses souvenirs; puis, se rapprochant d’elle peu à peu, il la regarda avec une curiosité inquiète et craintive.

Louise, tremblante d’émotion, contenait difficilement ses larmes, pendant que le docteur, lui recommandant par un geste de rester muette, épiait, attentif et silencieux, les moindres mouvements de la physionomie du lapidaire. Celui-ci, toujours penché vers sa fille, commença de pâlir: il passa ses deux mains sur son front inondé de sueur; puis, faisant un nouveau pas vers elle, il voulut lui parler; mais sa voix expira sur ses lèvres, sa pâleur augmenta, et il regarda autour de lui avec surprise, comme s’il sortait peu à peu d’un songe.

– Bien… bien…, dit tout bas le docteur à Louise, c’est bon signe… quand je dirai: «Venez», jetez-vous dans ses bras en l’appelant votre père.

Le lapidaire porta les mains sur sa poitrine en se regardant, si cela se peut dire, des pieds à la tête, comme pour se bien convaincre de son identité. Ses traits exprimaient une incertitude douloureuse; au lieu d’attacher ses yeux sur sa fille, il semblait vouloir se dérober à sa vue. Alors, il se dit à voix basse, d’une voix entrecoupée:

– Non!… non!… un songe… où suis-je?… impossible!… un songe… ce n’est pas elle… Puis voyant les pièces d’or éparses sur le plancher: Et cet or… je ne me rappelle pas… Je m’éveille donc?… la tête me tourne… je n’ose pas regarder… j’ai honte… ce n’est pas Louise…

– Venez, dit le docteur à voix haute.

– Mon père… reconnaissez-moi donc, je suis Louise… votre fille!… s’écria-t-elle fondant en larmes et en se jetant dans les bras du lapidaire, au moment où entraient la femme de Morel, Rigolette, Mme Georges, Germain et les Pipelet.

– Oh! mon Dieu! disait Morel, que Louise accablait de caresses, où suis-je? que me veut-on? que s’est-il passé? je ne peux pas croire…

Puis, après quelques instants de silence, il prit brusquement entre ses deux mains la tête de Louise, la regarda fixement et s’écria, après quelques instants d’émotion croissante:

– Louise!…

– Il est sauvé! dit le docteur.

– Mon mari… mon pauvre Morel!… s’écria la femme du lapidaire en venant se joindre à Louise.

– Ma femme! reprit Morel, ma femme et ma fille!

– Et moi aussi, monsieur Morel, dit Rigolette, tous vos amis se sont donné rendez-vous ici.

– Tous vos amis!… vous voyez, monsieur Morel, ajouta Germain.

– Mademoiselle Rigolette!… Monsieur Germain!… dit le lapidaire en reconnaissant chaque personnage avec un nouvel étonnement.

– Et les vieux amis de la loge, donc! dit Anastasie en s’approchant à son tour avec Alfred, les voilà, les Pipelet… les vieux Pipelet… amis à mort… et allllez donc, père Morel… voilà une bonne journée…

– Monsieur Pipelet et sa femme!… tant de monde autour de moi!… Il me semble qu’il y a si longtemps!… Et… mais… mais enfin… c’est toi, Louise… n’est ce pas?… s’écria-t-il avec entraînement en serrant sa fille dans ses bras. C’est toi Louise? bien sûr?…

– Mon pauvre père… oui… c’est moi… c’est ma mère… ce sont tous vos amis… Vous ne vous quitterez plus… vous n’aurez plus de chagrin… nous serons heureux maintenant, tous heureux.

– Tous heureux… Mais… attendez donc que je me souvienne… Tous heureux… il me semble pourtant qu’on était venu te chercher pour te conduire en prison, Louise.

– Oui… mon père… mais j’en suis sortie… acquittée… Vous le voyez… me voici… près de vous…

– Attendez encore… attendez… voilà la mémoire qui me revient. Puis le lapidaire reprit avec effroi: Et le notaire?…

– Mort… il est mort, mon père… murmura Louise.

– Mort! lui! alors… je vous crois… nous pouvons être heureux… Mais où suis-je?… comment suis-je ici? depuis combien de temps… et pourquoi… je ne me rappelle pas bien…

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