Les Mysteres De Paris Tome III

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Les Mysteres De Paris Tome III
Название: Les Mysteres De Paris Tome III
Автор: Sue Eug?ne
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Mysteres De Paris Tome III - читать бесплатно онлайн , автор Sue Eug?ne

Voici un roman mythique, presque ? l'?gal du Comte de Monte-Cristo ou des Trois mousquetaires, un grand roman d'aventures, foisonnant, qui nous d?crit un Paris myst?rieux et inconnu, d?voil? dans ses recoins les plus secrets, un Paris exotique o? les apaches de Paris remplacent ceux de l'Am?rique.

Errant dans les rues sombres et dangereuses de la Cit?, d?guis? en ouvrier, le prince Rodolphe de G?rolstein sauve une jeune prostitu?e, Fleur-de-Marie, dite la Goualeuse, des brutalit?s d'un ouvrier, le Chourineur. Sans rancune contre son vainqueur, le Chourineur entra?ne Rodolphe et Fleur-de-Marie dans un tripot, Au Lapin Blanc. L?, le Chourineur et Fleur-de-Marie content leur triste histoire ? Rodolphe. Tous deux, livr?s d?s l'enfance ? l'abandon et ? la mis?re la plus atroce, malgr? de bons instincts, sont tomb?s dans la d?gradation: le meurtre pour le Chourineur, dans un moment de violence incontr?l?e, la prostitution pour Fleur-de-Marie. Rodolphe se fait leur protecteur et entreprend de les r?g?n?rer en les arrachant ? l'enfer du vice et de la mis?re o? ils sont plong?s…

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La Goualeuse fut émue jusqu’aux larmes de l’intérêt que lui témoignait Mme d’Harville. Après un moment d’hésitation, elle lui dit:

– Vous daignez, madame, vous montrer pour moi si bienveillante, si généreuse, que je dois peut-être rompre le silence que j’ai gardé jusqu’ici sur le passé… un serment m’y forçait.

– Un serment?

– Oui, madame, j’ai juré de taire à la justice et aux personnes employées dans cette prison par suite de quels événements j’ai été conduite ici; pourtant… si vous vouliez, madame, me faire une promesse…

– Laquelle?

– Celle de me garder le secret, je pourrais, grâce à vous, madame, sans manquer pourtant à mon serment, rassurer des personnes respectables qui, sans doute, sont bien inquiètes de moi.

– Comptez sur ma discrétion; je ne dirai que ce que vous m’autoriserez à dire.

– Oh! merci, madame; je craignais tant que mon silence envers mes bienfaiteurs ne ressemblât à de l’ingratitude!…

Le doux accent de Fleur-de-Marie, son langage presque choisi, frappèrent Mme d’Harville d’un nouvel étonnement.

– Je ne vous cache pas, lui dit-elle, que votre maintien, vos paroles, tout m’étonne au dernier point. Comment, avec une éducation qui paraît distinguée, avez-vous pu…

– Tomber si bas, n’est-ce pas, madame? dit la Goualeuse avec amertume. C’est qu’hélas! cette éducation, il y a bien peu de temps que je l’ai reçue. Je dois ce bienfait à un protecteur généreux, qui, comme vous, madame… sans me connaître… sans même avoir les favorables renseignements qu’on vous a donnés sur moi, m’a prise en pitié…

– Et ce protecteur… quel est-il?

– Je l’ignore, Madame…

– Vous l’ignorez?

– Il ne se fait connaître, dit-on, que par son inépuisable bonté; grâce au ciel, je me suis trouvée sur son passage.

– Et où l’avez-vous rencontré?

– Une nuit… dans la Cité, madame, dit la Goualeuse en baissant les yeux, un homme voulait me battre; ce bienfaiteur inconnu m’a courageusement défendue: telle a été ma première rencontre avec lui.

– C’était donc un homme… du peuple?

– La première fois que je l’ai vu, il en avait le costume et le langage… mais plus tard…

– Plus tard?

– La manière dont il m’a parlé, le profond respect dont l’entouraient les personnes auxquelles il m’a confiée, tout m’a prouvé qu’il avait pris par déguisement l’extérieur d’un de ces hommes qui fréquentent la Cité.

– Mais dans quel but?

– Je ne sais…

– Et le nom de ce protecteur mystérieux, le connaissez-vous?

– Oh! oui, madame, dit la Goualeuse avec exaltation. Dieu merci car je puis sans cesse bénir, adorer ce nom… Mon sauveur s’appelle M. Rodolphe, madame…

Clémence devint pourpre.

– Et n’a-t-il pas d’autre nom?… demanda-t-elle vivement à Fleur-de-Marie.

– Je l’ignore, madame… Dans la ferme où il m’avait envoyée, on ne le connaissait que sous le nom de M. Rodolphe.

– Et son âge?

– Il est jeune encore, madame…

– Et beau?

– Oh! oui… beau, noble… comme son cœur…

L’accent reconnaissant, passionné de Fleur-de-Marie en prononçant ces mots, causa une impression douloureuse à Mme d’Harville.

Un invincible, un inexplicable pressentiment lui disait qu’il s’agissait du prince.

Les remarques de l’inspectrice étaient fondées, pensait Clémence… la Goualeuse aimait Rodolphe… c’était son nom qu’elle avait prononcé pendant son sommeil…

Dans quelles circonstances étranges le prince et cette malheureuse s’étaient-ils rencontrés?

Pourquoi Rodolphe était-il allé déguisé dans la Cité?

La marquise ne put résoudre ces questions.

Seulement elle se souvint de ce que Sarah lui avait autrefois méchamment et faussement raconté des prétendues excentricités de Rodolphe, de ses amours étranges… N’était-il pas, en effet, bizarre, qu’il eût retiré de la fange cette créature d’une ravissante beauté, d’une intelligence peu commune?…

Clémence avait de nobles qualités; mais elle était femme, et elle aimait profondément Rodolphe, quoiqu’elle fût décidée à ensevelir ce secret au plus profond de son cœur…

Sans réfléchir qu’il ne s’agissait sans doute que d’une de ces actions généreuses que le prince était accoutumé de faire dans l’ombre; sans réfléchir qu’elle confondait peut-être avec l’amour un sentiment de gratitude exalté; sans réfléchir enfin que, ce sentiment eût-il été plus tendre, Rodolphe pouvait l’ignorer, la marquise, dans un premier moment d’amertume et d’injustice, ne put s’empêcher de regarder la Goualeuse comme sa rivale.

Son orgueil se révolta en reconnaissant qu’elle rougissait, qu’elle souffrait malgré elle d’une rivalité si abjecte.

Elle reprit donc d’un ton sec, qui contrastait cruellement avec l’affectueuse bienveillance de ses premières paroles:

– Et comment se fait-il, mademoiselle, que votre protecteur vous laisse en prison? Comment vous trouvez-vous ici?

– Mon Dieu! madame, dit timidement Fleur-de-Marie, frappée de ce brusque changement de langage, vous ai-je déplu en quelque chose?…

– Et en quoi pouvez-vous m’avoir déplu? demanda Mme d’Harville avec hauteur.

– C’est qu’il me semble… que tout à l’heure… vous me parliez avec plus de bonté, madame…

– En vérité, mademoiselle, ne faut-il pas que je pèse chacune de mes paroles? Puisque je consens à m’intéresser à vous… j’ai le droit, je pense, de vous adresser certaines questions…

À peine ces mots étaient-ils prononcés que Clémence, pour plusieurs raisons, en regretta la dureté.

D’abord par un louable retour de générosité, puis parce qu’elle songea qu’en brusquant sa rivale elle n’en apprendrait rien de ce qu’elle désirait savoir.

En effet, la physionomie de la Goualeuse, un moment ouverte et confiante, devint tout à coup craintive.

De même que la sensitive, à la première atteinte, referme ses feuilles délicates et se replie sur elle-même… le cœur de Fleur-de-Marie se serra douloureusement.

Clémence reprit doucement, pour ne pas éveiller les soupçons de sa protégée par un revirement trop subit:

– En vérité, je vous le répète, je ne puis comprendre qu’ayant autant à vous louer de votre bienfaiteur, vous soyez ici prisonnière. Comment, après être sincèrement revenue au bien, avez-vous pu vous faire arrêter la nuit dans une promenade qui vous était interdite? Tout cela, je vous l’avoue, me semble extraordinaire… Vous parlez d’un serment qui vous a jusqu’ici imposé le silence… mais ce serment même est si étrange!…

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