Les Essais – Livre III

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Les Essais – Livre III
Название: Les Essais – Livre III
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Essais – Livre III - читать бесплатно онлайн , автор Montaigne Michel de

"Lecteur, je suis moi-m?me la mati?re de mon livre": c'est ce surprenant aveu de subjectivit? qui ouvre l'un des textes les plus modernes de la litt?rature fran?aise, quoique l'un des plus anciens. ? la mort de son ami La Bo?tie, Montaigne d?cide en effet de prendre la plume pour perp?tuer leurs discussions si f?condes. Sur ce mode autobiographique, tous les sujets seront abord?s, de l'amiti? ? l'?ducation, de la philosophie ? la lecture, de la religion ? la mort des hommes. En s'observant lui-m?me, Montaigne fait ainsi le tour de l'homme, proposant une r?flexion essentielle sur sa place dans le monde et sur le champ d'action de la pens?e humaine.

Au si?cle de Rabelais, des po?tes de la Pl?iade et de l'humanisme europ?en, l'oeuvre de Montaigne reste une m?t?orite inclassable, entre ?criture personnelle et monument philosophique. Oeuvre d'un homme engag? dans son temps, les Essais allaient fonder toute une tradition d'?criture ? la fran?aise, de Pascal ? Malraux, de Rousseau ? Camus.

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Esope ce grand homme vid son maistre qui pissoit en se promenant, Quoy donq, fit-il, nous faudra-il chier en courant? Mesnageons le temps, encore nous en reste-il beaucoup d'oisif, et mal employé. Nostre esprit n'a volontiers pas assez d'autres heures, à faire ses besongnes, sans se desassocier du corps en ce peu d'espace qu'il luy faut pour sa necessité. Ils veulent se mettre hors d'eux, et eschapper à l'homme. C'est folie: au lieu de se transformer en Anges, ils se transforment en bestes: au lieu de se hausser, ils s'abbattent. Ces humeurs transcendentes m'effrayent, comme les lieux hautains et inaccessibles. Et rien ne m'est fascheux à digerer en la vie de Socrates, que ses ecstases et ses demoneries. Rien si humain en Platon, que ce pourquoy ils disent, qu'on l'appelle divin. Et de nos sciences, celles-là me semblent plus terrestres et basses, qui sont les plus haut montees. Et je ne trouve rien si humble et si mortel en la vie d'Alexandre, que ses fantasies autour de son immortalisation. Philotas le mordit plaisamment par sa responce. Il s'estoit conjouy avec luy par lettre, de l'oracle de Jupiter Hammon, qui l'avoit logé entre les Dieux. Pour ta consideration, j'en suis bien ayse: mais il y a dequoy plaindre les hommes, qui auront à vivre avec un homme, et luy obeyr, lequel outrepasse, et ne se contente de la mesure d'un homme. Diis te minorem quod geris, imperas . La gentille inscription, dequoy les Atheniens honnorerent la venue de Pompeius en leur ville, se conforme à mon sens:

D'autant es tu Dieu, comme

Tu te recognois homme .

C'est une absoluë perfection, et comme divine, de sçavoir jouyr loyallement de son estre: Nous cherchons d'autres conditions, pour n'entendre l'usage des nostres: et sortons hors de nous, pour ne sçavoir quel il y faict. Si avons nous beau monter sur des eschasses, car sur des eschasses encores faut-il marcher de nos jambes. Et au plus eslevé throne du monde, si ne sommes nous assis, que sus nostre cul.

Les plus belles vies, sont à mon gré celles, qui se rangent au modelle commun et humain avec ordre: mais sans miracle, sans extravagance. Or la vieillesse a un peu besoin d'estre traictee plus tendrement, Recommandons lá à ce Dieu, protecteur de santé et de sagesse: mais gaye et sociale:

Frui paratis et valido mihi

Latoe dones, et precor integra

Cum mente, nec turpem senectam

Degere, nec Cythara carentem .

Fin du livre III

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