Le Joyau des sept etoiles
Le Joyau des sept etoiles читать книгу онлайн
Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала
En la regardant, je fus pris d'une peur étrange. La Margaret que j'avais connue semblait être en train de changer, et dans le plus profond de mon cœur je faisais des prières pour que la cause de ce trouble disparaisse bientôt. Plus que jamais, j'attendais avec impatience le moment où notre terrible Expérience aboutirait à un dénouement favorable.
Lorsque tout eut été arrangé dans la pièce suivant les désirs de Mr. Trelawny, celui-ci se tourna successivement vers chacun de nous, jusqu'à ce que nous ayons tous concentré notre attention sur lui. Il dit alors:
– Maintenant, tout est prêt. Il ne nous reste plus qu'à attendre le moment convenable pour commencer.
Nous sommes restés un instant silencieux. Le Dr Winchester fut le premier à parler:
– Quel est le moment convenable? Avez-vous une approximation, même si vous n'êtes pas fixé sur le jour exact?
– Après avoir longuement réfléchi j'ai choisi le 31 juillet!
Puis-je demander pourquoi, cette date?
Il répondit lentement:
– La Reine Tera s'inspirait du plus haut degré de mysticisme, et il y a tellement de preuves qu'elle envisageait sa résurrection qu'on peut penser qu'elle choisirait naturellement une période régie par un Dieu spécialisé dans ce genre d'entreprise. Le quatrième mois de la saison de l'Inondation était sous le signe d'Harmachis, ce nom étant celui de «Ra» le Dieu-Soleil à son lever le matin, et personnifiant par conséquent le réveil. Ce réveil est manifestement celui qui concerne la vie physique, puisqu'il correspond au milieu de la vie quotidienne de l'homme. Comme ce mois commence le jour de notre 25 juillet, le septième jour sera le 31 juillet, car vous pouvez être sûrs que la reine, mystique comme elle est, n'aurait jamais choisi que le sept ou un multiple de sept.
J'ose dire que certains d'entre vous se sont demandé pourquoi nos préparatifs ont été entrepris aussi délibérément. C'est la raison. Nous devons être prêts de toutes les façons possibles lorsque le moment sera venu; mais ce n'était pas la peine d'avoir à attendre sans utilité un grand nombre de jours.
Si bien que nous attendîmes seulement le 31 juillet, le surlendemain, jour où devrait être tentée la Grande Expérience.
Chapitre XVIII DOUTES ET CRAINTES
Il y eut des rayons de soleil pendant ces deux jours; des moments où devant la constatation de la gentillesse de Margaret et de son amour pour moi, tous les doutes se dissipaient comme la brume du matin sous l'influence du soleil. Mais le reste du temps, j'étais accablé, le ciel s'obscurcissait comme si j'avais été recouvert d'un suaire. L'heure dont j'avais accepté la venue, s'approchait si vite et était déjà si près de nous que j'avais le sentiment de l'irrémédiable. Le dénouement serait peut-être pour chacun de nous, la vie, ou la mort; mais, à cela nous étions préparés. Margaret et moi, nous ne faisions qu'un devant le danger. L'aspect moral de la question, qui mettait en jeu les croyances religieuses dans lesquelles j'avais été élevé, n'était pas de nature à me troubler; car le dénouement, et les causes qui se trouvaient derrière, excédaient mon pouvoir de compréhension. Le doute concernant le succès de la Grande Expérience était de ceux qui accompagnent toutes les entreprises aux grandes possibilités. Pour moi, dont la vie avait été une suite de luttes intellectuelles, cette forme de doute constituait plus un stimulant qu'un frein. Qu'est-ce qui me causait donc ce trouble, qui tournait à l'angoisse quand ma pensée s'y attardait?
Je commençais à douter de Margaret!
De quoi est-ce que je doutais, je l'ignorais. Ce n'était pas de son amour, de son honneur, de sa sincérité, de sa bonté, ou de son zèle. De quoi était-ce donc?
C'était d'elle-même!
Margaret était en train de changer. Au cours de ces derniers jours, il y avait eu des moments où je ne reconnaissais plus guère en elle la jeune fille que j'avais connue à ce pique-nique, dont j'avais partagé les nuits de veille dans la chambre de son père. Alors, même dans ses moments de grande tristesse, de crainte, ou d'anxiété, elle était vivante, attentive, compréhensive. Maintenant elle était la plupart du temps distraite, et, en certaines occasions, elle prenait une attitude en retrait, comme si son esprit – et elle-même – étaient absents. Dans ces moments-là, elle était en pleine possession de ses facultés d'observation et de sa mémoire. Elle savait et se rappelait tout ce qui se passait, et s'était passé, autour d'elle; mais quand elle réintégrait sa personnalité ancienne j'avais un peu l'impression qu'une nouvelle personne entrait dans la pièce. Jusqu'au moment où nous avions quitté Londres, sa présence suffisait à me satisfaire. J'avais ce délicieux sentiment de sécurité qui vient de ce qu'on est conscient d'un amour partagé. Mais à présent, le doute avait pris sa place. Je ne savais jamais si la personne présente était ma Margaret – l'ancienne Margaret que j'avais aimée dès notre première rencontre – ou cette autre Margaret nouvelle que je comprenais à peine, et dont l'attitude distante dressait entre nous une barrière invisible. Quelquefois elle s'éveillait presque instantanément. À ces moments-là, tout en me disant les choses tendres et aimables qu'elle avait déjà dites en bien des occasions, elle n'avait pas l'air d'être elle-même. C'était presque un perroquet qui parle en répétant ce qu'on lui a enseigné, qui comprend les paroles et les gestes, mais à qui les pensées échappent. Après une ou deux expériences de cette nature, mes doutes commencèrent à élever une barrière entre nous; car je ne pouvais pas parler avec l'aisance et la liberté qui m'étaient coutumières. Si bien que nous nous trouvions un peu plus éloignés l'un de l'autre d'heure en heure. S'il n'y avait pas eu ces quelques rares occasions où la Margaret d'autrefois me revenait, avec tout son charme, je ne sais pas ce qui serait arrivé. En tout cas, ces instants me redonnaient courage et préservaient mon amour du changement.
J'aurais tout donné pour avoir un confident; mais cela était impossible. Comment aurais-je pu parler des doutes que j'éprouvais à l'égard de Margaret, même à son père. Comment aurais-je pu lui en parler à elle-même, puisque c'était d'elle qu'il s'agissait. Je ne pouvais que supporter – et espérer. Et supporter était encore ce qu'il y avait de moins pénible.
Ce jour-là, tous les occupants de la maison paraissaient très calmes. Chacun était occupé de son travail, ou de ses pensées. Nous ne nous rencontrions qu'aux heures des repas. Et alors, nous avions beau parler, chacun paraissait plus ou moins préoccupé. Il n'y avait même pas dans la maison l'agitation discrète que font en général régner les serviteurs. La précaution qu'avait prise Mr. Trelawny de faire préparer trois chambres pour chacun de nous rendait leur présence inutile. La salle à manger était solidement pourvue de provisions toutes cuites en quantité suffisante pour plusieurs jours. Vers le soir, je sortis faire un tour à pied. J'avais cherché en vain Margaret pour lui demander de m'accompagner. Mais quand je l'eus trouvée, elle était en proie à l'un de ses accès d'apathie, et le charme de sa présence me parut perdu. Furieux contre moi-même, mais incapable de triompher de mon mécontentement, j'allai seul me promener sur la presqu'île rocheuse.