-->

Les Sept Femmes De La Barbe-Bleue Et Autres Contes Merveilleux

На нашем литературном портале можно бесплатно читать книгу Les Sept Femmes De La Barbe-Bleue Et Autres Contes Merveilleux, France Anatole-- . Жанр: Сказки. Онлайн библиотека дает возможность прочитать весь текст и даже без регистрации и СМС подтверждения на нашем литературном портале bazaknig.info.
Les Sept Femmes De La Barbe-Bleue Et Autres Contes Merveilleux
Название: Les Sept Femmes De La Barbe-Bleue Et Autres Contes Merveilleux
Автор: France Anatole
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 154
Читать онлайн

Les Sept Femmes De La Barbe-Bleue Et Autres Contes Merveilleux читать книгу онлайн

Les Sept Femmes De La Barbe-Bleue Et Autres Contes Merveilleux - читать бесплатно онлайн , автор France Anatole

Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала

1 ... 9 10 11 12 13 14 15 16 17 ... 33 ВПЕРЕД
Перейти на страницу:

Mais elle ne répondit que par des glapissements aigus et des hurlements lamentables.

Bientôt la ville de Trinqueballe fut remplie d’hommes et de femmes nus, qui marchaient à quatre pattes en aboyant; ils se nommaient les Edéniques et voulaient ramener le monde aux temps de la parfaite innocence, avant la création malheureuse d’Adam et d’Ève. Le R. P. dominicain Gilles Caquerole, inquisiteur de la foi dans la cité, université et province ecclésiastique de Trinqueballe, s’inquiéta de cette nouveauté et commença à la poursuivre curieusement. Il invita de la façon la plus instante, par lettres scellées de son sceau, le seigneur évêque Nicolas à appréhender, incarcérer, interroger et juger, de concert avec lui, ces ennemis de Dieu et notamment leurs chefs principaux, le moine franciscain Sulpice et une femme dissolue nommée Mirande. Le grand saint Nicolas brûlait d’un zèle ardent pour l’unité de l’Église et la destruction de l’hérésie; mais il aimait chèrement sa nièce. Il la cacha dans son palais épiscopal et refusa de la livrer à l’inquisiteur Caquerole, qui le dénonça au pape comme fauteur de troubles et propagateur d’une nouveauté très détestable. Le pape enjoignit à Nicolas de ne pas soustraire plus longtemps la coupable à ses juges légitimes. Nicolas éluda l’injonction, protesta de son obéissance et n’obéit pas. Le pape fulmina contre lui la bulle Maleficus pastor, dans laquelle le vénérable pontife était traité de désobéissant, d’hérétique ou fleurant l’hérésie, de concubinaire, d’incestueux, de corrupteur des peuples, de vieille femme et d’olibrius, et véhémentement admonesté.

L’évêque se fit de la sorte un grand tort sans profit pour sa nièce bien-aimée. Le roi Berlu, menacé d’excommunication s’il ne prêtait pas son bras a l’Église pour la recherche des Edéniques, envoya à l’évêché de Trinqueballe des gens d’armes, qui arrachèrent Mirande à son asile; elle fut traînée devant l’inquisiteur Caquerole, jetée dans un cul de basse fosse et nourrie du pain que refusaient les chiens des geôliers; mais ce qui l’affligeait le plus, c’est qu’on lui avait mis de force une vieille cotte et un chaperon et qu’elle n’était plus sûre de ne pas pécher. Le moine Sulpice échappa aux recherches du Saint-Office, réussit à gagner la Mambournie et trouva asile dans un monastère de ce royaume, où il fonda de nouvelles sectes plus pernicieuses que les précédentes.

Cependant l’hérésie, fortifiée par la persécution et s’exaltant dans le péril, étendait maintenant ses ravages sur toute la Vervignole; on voyait par le royaume, dans les champs, des milliers d’hommes et de femmes nus qui paissaient l’herbe, bêlaient, meuglaient, mugissaient, hennissaient et disputaient, le soir, aux moutons, aux bœufs et aux chevaux l’étable, la crèche et l’écurie. L’inquisiteur manda au Saint-Père ces scandales horribles et l’avertit que le mal ne ferait que croître, tant que le protecteur des Edéniques, l’odieux Nicolas, resterait assis sur le siège de saint Cromadaire. Conformément à cet avis, le pape fulmina contre l’évêque de Trinqueballe la bulle Deterrima quondam par laquelle il le destituait de ses fonctions épiscopales et le retranchait de la communion des fidèles.

VI

Foudroyé par le vicaire de Jésus-Christ, abreuvé d’amertume, accablé de douleur, le saint homme Nicolas descendit sans regret de son siège illustre et quitta, pour n’y plus revenir, la ville de Trinqueballe, témoin, durant trente années, de ses vertus pontificales et de ses travaux apostoliques. Il est dans la Vervignole occidentale une haute montagne, aux cimes toujours couvertes de neige: de ses flancs descendent, au printemps, les cascades écumeuses et sonores qui remplissent d’une eau bleue comme le ciel les gaves de la vallée. La, dans la région où croit le mélèze, l’arbouse et le noisetier, des ermites vivaient de baies et de laitage. Ce mont se nomme le mont Sauveur. Saint Nicolas résolut de s’y réfugier et d’y pleurer, loin du siècle, ses péchés et les péchés des hommes.

Comme il gravissait la montagne, à la recherche d’un lieu sauvage où il établirait son habitation, parvenu au-dessus des nuages qui s’assemblent presque constamment aux flancs du roc, il vit au seuil d’une cabane un vieillard qui partageait son pain avec une biche apprivoisée. Sa cuculle retombait sur son front, et l’on n’apercevait de son visage que le bout du nez et une longue barbe blanche.

Le saint homme Nicolas le salua par ces mots:

– La paix soit avec vous, mon frère.

– Elle se plaît sur cette montagne, répondit le solitaire.

– Aussi, répliqua le saint homme Nicolas, y suis-je venu terminer, dans le calme, des jours troublés par le tumulte du siècle et la malice des hommes.

Tandis qu’il parlait de la sorte, l’ermite le regardait attentivement:

– N’êtes-vous pas, lui dit-il enfin, l’évêque de Trinqueballe, ce Nicolas dont on vante les travaux et les vertus?

Le saint pontife ayant fait signe qu’il était cet homme, l’ermite se jeta à ses pieds.

– Seigneur, je vous devrai le salut de mon âme, si comme je l’espère, mon âme est sauvée.

Nicolas le releva avec bonté et lui demanda: – Mon frère, comment ai-je eu le bonheur de travailler à votre salut?

– Il y a vingt ans, répondit le solitaire, étant aubergiste à l’orée d’un bois, sur une route abandonnée, je vis, un jour, dans un champ, trois petits enfants qui glanaient; je les attirai dans ma maison, leur fis boire du vin, les égorgeai pendant leur sommeil, les coupai par morceaux et les salai. Le Seigneur, regardant vos mérites, les ressuscita par votre intervention. En les voyant sortir du saloir, je fus glacé de terreur: sur vos exhortations, mon cœur se fondit; j’éprouvai un repentir salutaire, et, fuyant les hommes, me rendis sur cette montagne où je consacrai mes jours à Dieu. Il répandit sa paix sur moi.

– Quoi, s’écria le saint évêque, vous êtes ce cruel Garum, coupable d’un crime si atroce! Je loue Dieu qui vous accorda la paix du cœur après le meurtre horrible de trois enfants que vous avez mis dans le saloir comme pourceaux; mais moi, hélas! pour les en avoir tirés, ma vie a été remplie de tribulations, mon âme abreuvée d’amertume, mon épiscopat entièrement désolé. J’ai été déposé, excommunié par le père commun des fidèles. Pourquoi suis-je puni si cruellement de ce que j’ai fait?

– Adorons Dieu, dit Garum, et ne lui demandons pas de comptes.

Le grand saint Nicolas bâtit de ses mains une cabane auprès de celle de Garum et il y finit ses jours dans la prière et dans la pénitence.

***********************
Les Sept Femmes De La Barbe-Bleue Et Autres Contes Merveilleux - pic_4.jpg
1 ... 9 10 11 12 13 14 15 16 17 ... 33 ВПЕРЕД
Перейти на страницу:
Комментариев (0)
название