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Monsieur Lecoq

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Monsieur Lecoq
Название: Monsieur Lecoq
Автор: Gaboriau ?mile
Дата добавления: 16 январь 2020
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Monsieur Lecoq - читать бесплатно онлайн , автор Gaboriau ?mile

Le pr?curseur, fran?ais, de Sherlock Holmes…

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C’est qu’il y a bien longtemps que je vous aime, Marie-Anne, il y a plus de six ans!… Avant de vous avoir vue, je n’avais aimé que la terre… Engranger de belles récoltes et amasser de l’argent me paraissait, ici-bas, le plus sublime bonheur.

Pourquoi vous ai-je rencontrée!… Mais j’étais si loin de vous, en ce temps, vous étiez si haut et moi si bas, que mon espoir ne montait pas jusqu’à vous. J’allais à l’église le dimanche; tant que durait la messe, je vous regardais, tout en extase, comme les paysannes devant la bonne Vierge; je rentrais chez moi les yeux et le cœur pleins de vous… et c’était tout.

C’est le malheur qui nous a rapprochés et c’est votre père qui m’a rendu fou, oui, fou comme il l’était lui-même…

Après les insultes des Sairmeuse, résolu à se venger de ces nobles si orgueilleux et si durs, votre père vit en moi un complice, il m’avait deviné. C’est en sortant de chez le baron d’Escorval, il doit vous en souvenir, un dimanche soir, que fut conclu le pacte qui me liait aux projets de votre père.

«Tu aimes ma fille, mon garçon, me dit-il, eh bien! aide-moi, et je te promets que le lendemain du succès, elle sera ta femme… Seulement, ajouta-t-il, je dois te prévenir que tu joues ta tête!»

Mais qu’était la vie comparée à l’espérance dont il venait de m’éblouir! De ce soir-là, je me donnai corps, âme et biens à la conspiration. D’autres s’y sont jetés par haine, pour satisfaire d’anciennes rancunes, ou par ambition, pour reconquérir des positions perdues: moi je n’avais ni ambitions ni haines!

Que m’importaient les querelles des grands, à moi, ouvrier de la terre!… Je savais bien qu’il était hors du pouvoir du plus puissant de tous, de donner à mes récoltes une goutte d’eau pendant la sécheresse, un rayon de soleil pendant les pluies…

J’ai conspiré parce que je vous aimais…

– Ah! vous êtes cruel!… s’écria Marie-Anne, vous êtes impitoyable!…

Pauvre fille! ses yeux, qui avaient tant pleuré, avaient encore des larmes qui roulaient brûlantes le long de ses joues.

Il lui était donné de juger par le dénouement l’horreur du rôle que son père lui avait imposé et qu’elle n’avait pas eu l’énergie de repousser.

Mais Chanlouineau n’entendit seulement pas l’exclamation de Marie-Anne. Toutes les amertumes du passé montant à son cerveau comme les fumées de l’alcool, il perdait conscience de ses paroles.

– Le jour vint vite, cependant, poursuivit-il, où toutes les illusions de ma folie s’envolèrent… Vous ne pouviez plus être à moi puisque vous étiez à un autre!… Je devais rompre le pacte!… J’en eus l’idée, non le courage. J’avais l’enfer en moi, mais vous voir, entendre votre voix, être votre commensal, c’était encore une joie!… Je vous voulais heureuse et honorée, j’ai combattu pour le triomphe de l’autre, de celui que vous aviez choisi!…

Un sanglot qui montait à sa gorge l’interrompit, il voila sa figure de ses mains, pour dérober le spectacle de ses larmes, et pendant un moment il parut anéanti.

Mais il ne tarda pas à se redresser, il secoua la torpeur qui l’envahissait, et d’une voix ferme:

– C’est assez s’attarder au passé, prononça-t-il, l’heure vole… l’avenir menace!…

Cela dit, il alla jusqu’à la porte, et appliquant alternativement son œil et son oreille au guichet, il chercha à découvrir si on l’épiait.

Personne dans le corridor, pas un mouvement suspect; il était sûr de la solitude autant qu’on peut l’être au fond d’un cachot.

Il revint près de Marie-Anne, et, déchirant avec ses dents la manche de sa veste, il en tira deux lettres cachées entre la doublure et le drap.

– Voici, dit-il à voix basse, voici la vie d’un homme!…

Marie-Anne ne savait rien des espérances de Chanlouineau, et son esprit en détresse n’avait pas sa lucidité accoutumée; elle ne comprit pas tout d’abord.

– Ceci, s’écria-t-elle, la vie d’un homme!…

– Plus bas!… interrompit Chanlouineau, parlez plus bas!… Oui, une de ces lettres peut être le salut d’un condamné…

– Malheureux!… Qu’attendez-vous alors pour l’utiliser!…

Le robuste gars secoua tristement la tête.

– Est-il possible que vous m’aimiez jamais? fit-il simplement. Non, n’est-ce pas?… Je ne souhaite donc point vivre. Le repos, dans la terre, est plus enviable que mes angoisses. D’ailleurs j’ai été condamné justement. Je savais ce que je faisais quand j’ai quitté la Rèche, un fusil double sur l’épaule, un sabre passé dans ma ceinture. Je n’ai pas le droit de me plaindre. Mais les juges ineptes ou iniques ont frappé un innocent…

– Le baron d’Escorval.

– Oui, le père de… Maurice…

Sa voix s’altéra en prononçant le nom de cet autre, dont il eût payé le bonheur du prix de dix existences, s’il les eût eues.

– Je veux le sauver, ajouta-t-il, je le puis.

– Oh! si vous disiez vrai!… Mais vous vous abusez, sans doute.

– Je sais ce que je dis.

Il tremblait d’être épié et entendu du dehors, il se rapprocha encore de Marie-Anne, et d’une voix rapide:

– Je n’ai jamais cru au succès de la conspiration, reprit-il… Quand je me demandais où trouver une arme en cas de malheur, le marquis de Sairmeuse me l’a fournie… Il s’agissait d’adresser à nos complices une lettre qui fixât le jour du soulèvement; j’eus l’idée de prier M. Martial d’en écrire le modèle… Il était sans défiances; je lui disais que c’était pour une noce; il fit ce que je lui demandais. Et le papier que je tiens est le brouillon de la circulaire qui a décidé le mouvement, écrit de la main du marquis de Sairmeuse… Et impossible de nier, il y a une rature à chaque ligue; on croirait reconnaître le manuscrit d’un homme qui a cherché et trié ses expressions pour bien rendre sa pensée…

Chanlouineau ouvrit l’enveloppe et montra, en effet, la fameuse lettre qu’il avait dictée, et où la date du soulèvement était restée en blanc:

«Mon cher ami, nous sommes enfin d’accord et le mariage est décidé, etc…»

La flamme qui s’était allumée dans l’œil de Marie-Anne s’éteignit.

– Et vous croyez, fit-elle d’un ton découragé, que cette lettre peut servir à quelque chose?…

– Je ne crois pas, je suis sûr.

– Cependant…

D’un geste il l’interrompit:

– Ne discutons pas, fit-il vivement, – écoutez-moi plutôt. Arrivant seul, ce brouillon serait sans importance… mais j’ai préparé l’effet qu’il produira. J’ai déclaré devant la commission militaire que le marquis de Sairmeuse était un des chefs du complot… On a ri et j’ai lu l’incrédulité sur la figure de tous les juges… Mais une bonne calomnie n’est jamais perdue… Vienne pour le duc de Sairmeuse l’heure des récompenses, il lui sortira de terre des ennemis qui se souviendront de mes paroles… Il a si bien senti cela que pendant que les autres riaient il était bouleversé…

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