Levadee de Saint-Lazare (Побег из Сен-Лазар)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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Conformément à son habitude, M. Havard qui tenait toujours à faire le plus de choses possibles par lui-même avait reçu l’inconnu, et maintenant qu’il se trouvait en tête à tête avec lui, dans son cabinet, où le visiteur n’avait pas à craindre d’indiscrétions, le chef de la Sûreté l’invitait à se nommer.
L’inconnu obéit :
— Je suis, déclara-t-il, Monsieur Robert Granjeard.
M. Havard hocha la tête avec un geste poli, n’ayant pas l’air du tout de se souvenir de ce nom qui, depuis quelque temps avait défrayé la chronique judiciaire de tous les journaux et provoqué les commentaires les plus divers et les plus variés.
— De quoi s’agit-il, Monsieur Robert Granjeard ? demanda le chef de la Sûreté.
— Eh bien voilà, fit le jeune homme : ma famille, monsieur, est la victime d’un chantage, d’un odieux chantage qu’on exerce contre elle, actuellement, et dont il faut que nous sortions à tout prix. Ma mère est affolée depuis la mort de mon frère Didier. Mon frère Paul a des hésitations incompréhensibles. Moi seul conserve un peu de sang-froid dans cette affaire. C’est pour cela que je viens vous parler.
M. Havard, habitué aux confidences les plus étranges, aux révélations les plus extraordinaires, ne se troublait pas :
— Monsieur, fit-il d’une voix aimable et pour mettre son interlocuteur à son aise, je vais vous demander de procéder avec netteté et méthode dans ce que vous allez me raconter. S’agit-il, d’abord, d’un chantage effectué ou d’une tentative de chantage ?
— D’une tentative, monsieur, seulement.
— Bien, murmura le chef de la Sûreté, rien n’est encore perdu. Maintenant, poursuivit-il, veuillez me raconter votre histoire par le commencement et me dire par suite de quelles circonstances vous avez été atteint par ces menaces et pourquoi votre frère et votre mère ne paraissent pas aussi nettement disposés que vous à les écarter ?
— Ça, je n’en sais rien, fit Robert Granjeard, répondant à la dernière question.
Et il ajoutait :
— Vous verrez vous-même. Monsieur le chef de la Sûreté quels sont les mobiles que vous devez attribuer à leurs hésitations.
Robert Granjeard, alors, raconta à M. Havard tout ce qu’il savait de l’extraordinaire et dramatique aventure, survenue depuis la mort de leur père : l’assassinat de Didier, l’arrestation de son frère et de sa mère, le faux testament, l’inculpation morale de Jérôme Fandor et le meurtre, enfin, de Blanche Perrier.
Puis, Robert Granjeard en vint aux entretiens que sa famille avait eus avec la personne qui, dans toutes ces affaires semblait les avoir guidés :
— Ce qu’il y a de plus extraordinaire, déclara-t-il, c’est que cette affaire a été menée par l’un des hommes qui jouit assurément de la réputation de probité la plus grande et dont le nom même est synonyme, de conscience, honneur et de devoir. Je sais cela, je me le suis répété chaque jour et malgré mes efforts, je suis obligé de convenir aujourd’hui que j’ai été aveuglé, aveuglé volontairement plus qu’on ne peut l’être et que ce grand honnête homme à qui nous avons, comme bien d’autres, accordé notre confiance, n’est qu’un effroyable maître chanteur.
— Mais de qui voulez-vous parler ?
— Je veux parler de Juve.
Havard haussa les épaules. Mais Robert Granjeard tenait à son idée :
— Tout ce que je vous ai raconté, fit-il, tous les propos que je vous ai rapportés, les demandes qui nous ont été faites, tout cela émane de Juve, c’est Juve qui est venu, que j’ai vu comme je vous vois, que j’ai entendu comme je vous entends.
— Mais Monsieur, tout cela me paraît bien invraisemblable et je crois que le plus simple serait, puisque vous prétendez être en relations avec Juve, que vous nous ménagiez un rendez-vous, afin que nous puissions causer de cela tous les trois.
— Non, Monsieur, fit-il, il ne faut pas d’un rendez-vous privé, d’une entente préalable. D’ailleurs, nous avons promis à Juve, du moins mon frère et ma mère ont promis à Juve de garder sur ces incidents le plus grand secret. Juve trouverait moyen de nous duper encore et c’est moi qui aurais l’air d’un imposteur. Écoutez, Monsieur, il n’y a qu’un moyen de procéder lorsqu’on a affaire à des gens aussi redoutables et aussi habiles, c’est de les prendre sur le fait, la main dans le sac. Rendez-moi un service, un grand service ? sauvez-nous.
— Qu’entendez-vous par là ? fit M. Havard…
— J’entends, précisa Robert Granjeard d’abord, que vous ne souffliez mot de cet entretien à personne et qu’ensuite vous alliez demain soir au rendez-vous que nous a assigné Juve, le maître chanteur, nous aurons le million qu’il a demandé, ce million, nous le lui remettrons et alors, à ce moment, j’espère que vous serez convaincu. Nous devons nous réunir demain soir à huit heures au restaurant de L’Épervier, 32, rue Froidevaux.
« À ce moment, monsieur, j’espère que nous mettrons la main au collet du maître chanteur.
Le chef de la Sûreté avait compris évidemment que c’était un imposteur qui s’était donné aux Granjeard comme étant Juve. Mais quel était cet imposteur ? c’est ce qu’il s’agissait d’élucider.
Une heure après, Robert Granjeard avait regagné Saint-Denis :
— D’où viens-tu ? lui demanda sa mère.
Le jeune homme ne savait pas mentir, au surplus, l’acte qu’il venait de commettre était pour lui un soulagement. Il éprouva une extrême satisfaction à raconter :
— Je viens, dit-il, d’avoir le courage de faire ce qui devrait être déjà fait depuis quelques jours. J’ai été à la Préfecture de police, j’ai vu M. Havard, directeur de la Sûreté et je lui ai dénoncé son inspecteur Juve comme étant un infâme maître chanteur. J’ai la conviction maintenant que, demain soir, ce policier sera arrêté. Voilà ce que j’ai fait.
— Tu as fait cela ? s’écrièrent ensemble M me Granjeard et son fils Paul.
— Mais, murmura-t-il, je n’ai rien fait qui doit vous paraître si extraordinaire. Ne vous êtes-vous donc pas rendu compte que nous avions affaire à un bandit ? Ne valait-il pas mieux le démasquer que de céder à ses répugnantes suggestions, que d’accepter les louches compromissions qu’il nous propose ?
— Oui, poursuivait Paul, devenu livide, c’était pour nous éviter d’avoir maille à partir avec la justice.
— Hé qu’importe ! s’écria Robert Granjeard, nous pouvons aller le front haut devant le juge, puisque nous sommes innocents.
Énervé, vexé de la restriction étrange qui lui avait été faite par ses parents, Robert Granjeard les quittait brusquement ; il ne comprenait pas leur attitude. C’est qu’en effet, Robert Granjeard ignorait deux choses d’une importance extrême : le jeune homme ne savait pas, que sa mère d’une part, son frère de l’autre, avaient déjà cédé aux exigences du maître chanteur, qu’ils n’avaient obtenu leur libération qu’à prix d’argent, et qu’aussi grâce à la subtilité de Fantômas, se faisant passer pour Juve, le fils était sûr de la culpabilité de sa mère, et la mère avait la conviction que l’un de ses fils était l’assassin du troisième.
26 – UN BRACONNIER
Debout dans le métropolitain, écrasé entre une grosse femme qui portait un volumineux panier rempli de fromages, et une maigre midinette dont les épingles à chapeau menaçaient à chaque secousses de l’éborgner, Jérôme Fandor, résigné à une position intenable, voulant éviter à la fois les pointes acérées de la demoiselle et les camemberts de la dame, se répétait pour la vingtième fois, en maugréant fort, les termes de la lettre, de l’énigmatique lettre reçue le matin même :
Monsieur, lui avait écrit un correspondant, dont la signature était illisible, je vous prie de venir me voir d’urgence aujourd’hui, en tout cas, cet après-midi au plus tard, chez moi, au cinquième à gauche, rue Tardieu, n° 3 ter. J’aurai à vous entretenir des affaires policières qui vous préoccupent en ce moment.
Qui avait écrit cela ? Jérôme Fandor n’en avait pas la moindre idée ou plutôt n’en avait pas la moindre certitude.